Les cinq Vœux Racines, les Vœux de rab-jung et les Vœux Monastiques

 

À propos de la prise de vœux en général, il est significatif de méditer sur le renoncement, ainsi que de se familiariser avec les enseignements du « Lam-Rim ».

Il vous faut réaliser que les activités mondaines n'ont pas de sens. Notre attachement vient de renaissances sans commencement, mais nous ne sommes toujours pas libérés de l’océan des souffrances des six mondes d’existence. Vous devez réaliser que le futur samsara est dans la nature de la souffrance. C'est comme être pris en prison - vous ne voulez pas être là même une seconde, vous voulez en sortir instantanément. C'est comme si vous étiez nu, assis sur un buisson d'épines. Vous ne pourriez pas le supporter même une seconde. Ainsi, la nature de la souffrance est insupportable.

Cela ne signifie pas que vous devez attendre d'avoir réalisé tout ceci, mais il faut d’abord bien comprendre que c'est ce dont vous avez besoin. Ensuite, vous prenez alors des engagements et de cette façon, vous pourrez être un pur détenteur des vœux laïcs ou monastiques que vous aurez pris.

Il existe plusieurs catégories de vœux, correspondant à différents niveaux d'engagements au sein du bouddhisme tibétain. Tous participent à ce que nous appelons le contrôle de l'esprit et l'éthique de vie.

La plupart du temps, parler de contrôle engendre une attitude négative. Nous pensons que le contrôle est un moyen d'enfermer notre esprit. Toutefois, si l’on y réfléchit bien, c'est tout le contraire. Un vœu ou un engagement est quelque chose qui renforcera notre pratique et développera une caractéristique spécifique de notre esprit.

Dans notre vie quotidienne, notre esprit fonctionne de manière aléatoire, sautant d'une idée à une autre, sans que nous soyons à même de nous en empêcher. Par conséquent, il est ardu de nous concentrer sur un sujet ou sur une pratique et donc quasi impossible de nous rappeler ce qu’il est bon de faire et ce dont nous devrions nous abstenir.

Il est cependant facile de comprendre que le contrôle de l’esprit nous amènera à nous concentrer plus facilement sur un sujet, ou sur notre pratique, nous pourrons en approfondir la compréhension, ce qui nous permettra d’atteindre un objectif plus élevé dans notre pratique.

Une fois qu’on a entendu ce qu'il est plutôt bon de faire et ce qu'il vaut mieux éviter, on peut y penser, y réfléchir et même y méditer. Mais sans prendre la décision claire d'éviter certaines choses et d'en encourager d'autres, il est assez difficile, premièrement, de se souvenir de ces choix dans différentes situations de la vie quotidienne, et deuxièmement, de les appliquer.

Prenons ce simple exemple : si vous décidez qu'à partir de demain vous arrêterez de manger des biscuits au chocolat, alors vous pourrez prendre la décision en vous-même et dire : "D'accord, demain, j'arrêterai de manger de tels biscuits !" Mais si la décision n'est pas ferme, si elle n'est pas formalisée, alors, la prochaine fois que vous passerez devant une boulangerie, ou la prochaine fois que vous ouvrirez la porte de votre cuisine, il y aura ce genre d'attirance vers les biscuits au chocolat.

Mais si vous formalisez votre décision de ne plus manger de biscuits au chocolat en prenant l’engagement solennel, pas seulement devant vous, mais en y impliquant par exemple, tous les Bouddhas et Bodhisattvas, et que vous formulez devant tous ces Êtres Saints, "Je prends dorénavant la décision de ne plus manger de biscuits au chocolat !", alors, cela vous laissera sûrement une forte empreinte, et la prochaine fois que vous vous sentirez irrésistiblement attiré par les biscuits au chocolat, vous vous souviendrez avoir pris cet engagement clair devant tous ces témoins et il vous sera bien plus difficile de rompre cet engagement.

Évidemment, ce n'est qu'un exemple définissant la notion d’engagement et montrant comment procéder pour faire un pas différent dans cet engagement, selon que l’on se le dise à soi-même ou qu’on le proclame devant témoins, prenant ainsi un engagement ferme.

Nous formalisons un vœu non seulement en invoquant les Bouddhas et Bodhisattvas, mais en prononçant les vœux verbalement devant un membre du sangha, un Lama, ce qui en fait un pas plus concret vers le respect de l'engagement, mais aussi définit davantage notre relation au refuge.

Dans tous les cas, les engagements sont pris par nous-mêmes, ainsi, la décision nous est propre, ce qui est contraire à ce que les gens peuvent habituellement penser du contrôle.

En général, quand on pense à la notion de contrôle, nous y impliquons quelqu'un ou quelque chose en dehors de nous, qui nous impose une contrainte. Par ailleurs, quand on parle d'engagement, ou de vœu, ce n'est pas le cas ; c'est un choix que l'on fait librement, et par lequel on entre dans un processus délibéré (la prise de vœux ou l’engagement) par nous-mêmes, parce que nous suivons un but que cela va nous permettre d’atteindre plus facilement.

Donc, au fond, le fait de formaliser un engagement ou une promesse permet de s'en souvenir plus vite dans la situation où cet engagement pourrait être rompu, et afin de s'assurer avec plus de certitude de pouvoir garder cet engagement, et, à plus long terme, de développer un esprit clair sur ce que nous devons faire.

Ainsi, nous voyons que dans tous les cas, ce contrôle n'est pas quelque chose qui nous empêche, ou qui nous retient contre notre gré de faire quelque chose, mais, au contraire, cela va renforcer notre esprit, et en le rendant plus fort, cela lui donnera plus de possibilités d'accomplir des choses, d'atteindre un objectif, d'accomplir un engagement spécifique.

Entrer sur la voie bouddhiste implique de prendre Refuge dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha et de prendre des vœux pour nous aider à nous protéger des actions non vertueuses.

Les cinq vœux fondamentaux - "Les Vœux de Ge-nyen" - Les Vœux d'Upasa(i)ka ou "Voeux de Laïcs"

Les cinq vœux racines sont le fondement des vœux monastiques :

1. Ne pas tuer des êtres humains

2. Ne pas voler

3. Ne pas mentir

4. Ne pas commettre d'inconduite sexuelle (adultère)

5. Ne pas s'enivrer (drogues, alcool)

Les vœux laïcs impliquent la prise de ces cinq vœux racines.

1. "Tuer" fait référence à tout être sensible. En tant que 'chute racine', cela signifie que lorsqu'on commet l'acte de tuer, on perd son vœu. Ici, il s'agit de tuer des êtres humains.

2. "Voler" est spécifique à la culture car différentes sociétés valorisent différentes choses. Transgresser le vœu racine serait le vol d'un objet valorisé par la société, ce qui entrainerait des démêlés avec la loi.

3. "Mentir" est défini comme prétendre avoir réalisé la vacuité, l'omniscience, etc. En général, le mensonge fait référence à toute expression verbale ou non verbale avec l'intention de tromper les autres. Ainsi, cela fait également référence à des déclarations factuelles avec l'intention de tromper les autres.

4. Le "Vœu suprême de Ge-nyen" est le même que les cinq vœux racines, mais qu’en plus du fait de s'abstenir d'inconduite sexuelle, on prend le vœu de Brahmacarya ou de célibat. Après avoir pris le "voeu suprême de Ge-nyen", on peut également porter les robes.

Les cinq vœux racines sont prononcés en présence d'un aîné spirituel.

 

Les Vœux de Renonciation - "Les vœux de Rab-jung"

Rab-jung est une abréviation du tibétain རབཏུ་འབྱུང་བ་ - RABTU JUNGWA. 
Cela signifie littéralement : « Qui va de l'avant ».

C'est un préliminaire à l'ordination, quand quelqu'un prend les cinq vœux racines de ne pas tuer, de ne pas mentir, de ne pas voler, de ne pas commettre d'inconduite sexuelle et de ne pas s'enivrer, et les trois vœux de renoncement à s'engager à laisser derrière soi vêtements et signes, porter les robes d'une personne ordonnée et se raser la tête, et suivre les enseignements du Bouddha.

Cela se réfère à རབ་ཏུ་ - RAB-TU, la manière la plus élevée d'aller de l'avant dans la vie.
Ce n'est pas seulement le fait d'avoir མངོན་པར་འབྱུང་བ- NGÖN-PAR JUNG-WA, renoncé à la vie de chef de famille et d'être entré dans la vie d'un renonçant spirituel, mais cela signifie implicitement passer à l'étape suivante et la plus élevée possible et devenir moine ou nonne, devenir ordonné.

On fait un pas important ici, en ce sens que l’on renonce à "fonder un foyer", pour adopter la vie d'un pratiquant spirituel à plein temps.

En prenant les « Vœux Rab-jung », on s'engage à :

1. Renoncer aux vêtements et signes laïcs ;

2. Porter les robes d'une personne ordonnée et se raser la tête ; 

3. Suivre les enseignements du Bouddha.

La combinaison des cinq vœux racines et des "Vœux de Rab-jung" est la première étape vers l'ordination. Ce vœu ne peut être pris qu'à partir de l'âge de 7 ans.

 

L'ordination de novice (tib. 'Getsül', dge tshul)

L'étape suivante s'appelle l'ordination des novices, l'ordination getshül, et elle comprend 36 vœux. Vous ne pouvez pas choisir celui que vous voulez et celui que vous ne voulez pas. Vous les prenez tous, et à vie. Cette ordination ne peut être prise qu'à partie de 14 ans.

 

L'ordination complète (tib. 'gelong', /dge long/, skt. bikshu)

La dernière et complète ordination s'appelle l'ordination 'gelong' et contient 253 vœux ; elle ne peut être prise qu'à partie de 21 ans.

 

Rendre les vœux

Lorsque le Bouddha a établi cet ensemble de vœux pour les moines et les nonnes, il a laissé la possibilité de les rendre. Ceci signifie que, bien que fondamentalement, nous les prenons à vie, alors que nous répétons la prière "Je prends ces vœux devant le Bouddha pour la vie", en raison de sa compassion et de sa compréhension de l'esprit humain, le Bouddha a cependant établi que si quelqu'un ne peut pas les garder, il est possible de les rendre. Et non seulement il est possible de les rendre une fois, mais il est possible de les rendre trois fois dans sa vie.

Ainsi, l'accent est mis sur le fait que, alors que nous avons des vœux, il est extrêmement important de les tenir, et de les garder purs, intacts, de ne pas les rompre. Si nous ne pouvons pas les garder, cependant, il vaut bien mieux rendre l'ordination que de commettre une quelconque violation des vœux.

A partir de l'ordination Rab-jung, si nous rompons l'un des vœux majeurs, l'ordination complète est rompue et ne peut plus être reprise dans cette vie.

En revanche, si nous rendons les vœux, il sera possible plus tard de reprendre l'ordination. Il s'agit simplement d'un système sagement établi afin de maintenir une certaine pureté dans l'ordination, et en même temps de ne pas créer de frustration dans l'esprit des personnes qui ne peuvent plus tenir leurs vœux, leur donnant la possibilité de les rendre.