Session 6

Groupe d'Étude du Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Par le Vénérable Lama Gelong Sangyay Tendzin

SESSION 6

16 janvier 2021

 

 

Animés d’un état d'esprit pur et noble, lisez le texte qui apparaît sur votre écran, pour prendre Refuge, développer la Bodhicitta, présenter l'offrande illimitée du Mandala et faire la requête des enseignements.

(Lama invoque le Bouddha et les bénédictions de la Lignée. Conviant les hôtes à l'enseignement il manifeste la Bodhicitta d’Aspiration).

 

Bonjour à tous, je vous invite à valoriser le moment présent en adoptant une noble motivation alors que nous poursuivons l’étude du précieux Dharma. Nous sommes actuellement sur le point de conclure le Premier Chapitre du Bodhicaryâvatâra. Ce chapitre comprend 36 strophes.

Lors de la dernière session, nous avons étudié les strophes 20 à 30, dans lesquelles Shantideva utilise le raisonnement afin de démontrer l'importance et les avantages d'engendrer la Bodhicitta. Ainsi que nous l’avons vu,

  • Les versets 21 à 25 adressent la Bodhicitta d'Intention ;
  • Les versets 27 à 30 traitent de la Bodhicitta en Action.

 

Les six strophes suivantes viennent conclure cet exposé en soulignant le caractère extraordinaire des qualités des êtres nobles que sont les Bodhisattvas.

Strophe 31 :

 

Si certains considèrent comme digne d'éloges

Quiconque apporte son aide en échange de faveurs,

Est-il besoin de mentionner un bodhisattva,

Qui fait le bien sans rien chercher en retour ?

 

Ceux qui reconnaissent les faveurs que d'autres leur ont faites dans le passé et les rendent par le don de nourriture ou d'argent sont considérés dans ce monde comme dignes d'éloges.

« L’honneur et la protection restent proches de l'homme qui reconnaît et rend les faveurs qu'on lui a faites ».

Ceux qui montrent leur gratitude sont protégés par les dieux eux-mêmes et possèdent d'autres excellentes qualités. Que dire alors des Bodhisattvas, qui font le bien alors qu'aucun bien ne leur a été fait auparavant ; mais s'efforcent uniquement d'obtenir le bénéfice des êtres, tant maintenant que pour les vies futures, et ce, sans jamais qu'on ait à leur demander ? Est-il nécessaire de dire qu'ils méritent des offrandes et des éloges ?

 

Strophe 32 :

 

Si les gens honorent comme bienfaisant

Quelqu'un qui donne, pour un court instant seulement, un morceau de maigre nourriture

D'une manière humiliante à quelques êtres errants,

Les rassasiant pour une demi-journée,

 

Ici Shantideva nous montre en détail combien d'honneur nous accordons à quelqu'un de peu de générosité. Pour ce faire, il nous met en situation, analysant les différents aspects du karma du don fait par quelqu'un qui offre de la nourriture de façon régulière, par exemple un mois ou juste une journée à un groupe restreint de personnes.

  • Il s'agit d'un objet de générosité limité ou inférieur.
  • La période pendant laquelle l'acte est accompli est limitée au temps nécessaire pour accomplir ce don et donc également inférieure.
  • Le don lui-même est également inférieur, ce n'est qu'un peu de nourriture et pas un don considérable.
  • On peut facilement imaginer aussi que l'acte est accompli avec quelque dédain, frappant les bénéficiaires, et est donc une pratique inférieure du don.
  • Enfin, le bénéfice lui-même est inférieur car les bénéficiaires ne sont nourris que pour une demi-journée. Quand bien même, de nombreuses personnes dans ce monde considéreront un tel donateur comme digne d'éloges et d'honneur. « Comme il est vertueux», diront-ils, «de faire de tels dons de bienfaisance! »

 

Strophe 33:

 

Est-il besoin de mentionner celui qui cherche constamment à donner,

Pour une éternité de temps, le bonheur sans pareil du Bien-Allé,

A un nombre infini d'êtres limités,

Accomplissant tous leurs souhaits ?

 

Le don accordé par les Bodhisattvas, en revanche, n'est pas limité à quelques-uns, mais s'adresse à tous les êtres sensibles, dont le nombre est infini et aussi vaste que l'espace. De même, nous pourrions considérer que l’acte de leur don ne se limite pas à un court moment dans le temps, comme à une certaine occasion. Il est beaucoup plus étendu et durable, jusqu'à la toute fin du samsara.

Leur don n'est pas une maigre pitance donnée à un mendiant, mais c'est le bonheur insurpassable de la bouddhéité, et leur mode de donner ou d'agir est marqué par une grande sérénité et un grand dévouement. Par conséquent, le bénéfice n'est pas petit mais tout à fait exceptionnel, étant donné qu'il s'agit de l'accomplissement de tous les souhaits, accordé continuellement et sans interruption.

Est-il donc besoin de dire que les Bodhisattvas sont de généreux bienfaiteurs dignes de respect et d'éloges ?

 

Strophe 34:

 

Le Sage a dit que celui qui génère des pensées négatives

Envers un descendant philanthrope du Triomphant,

Restera dans un royaume sans joie pendant autant d'eons

Que le nombre de pensées négatives.

 

Le Bouddha a dit que tous ceux qui dont l'esprit génère de mauvaises pensées envers les Bodhisattvas décrits ci-dessus, et que ceux auraient le moindre souhait que quelque chose de malheureux leur arrive (sans parler de l'agression physique ou verbale réelle), resteront en enfer dans un grand tourment pendant autant d'éons que la durée de leur méchanceté.

Et ici, la durée d'un moment doit être comprise comme l'unité la plus courte possible, correspondant à un soixante-quatrième du laps de temps qu'il faut à un homme fort pour claquer des doigts.

 

Strophe 35:

 

Cependant, si quelqu'un a une croyance extrêmement claire en ces personnes,

Ses fruits se multiplieront bien plus que cela.

Car même dans les situations les plus graves, un descendant du Triomphant ne générera jamais rien de négatif.

Au contraire, ses actes positifs augmentent naturellement.

 

En revanche, quand on regarde simplement le visage d'un Bodhisattva avec une attitude de joie et de dévotion sincère, les effets sont incalculables.

On connaîtra la joie des dieux de Tushita pendant plus de kalpas qu’il n’y a eu d’instants de contemplation.

Le résultat est encore plus grand que le résultat de la malveillance :

  • Même en période de famine, quand il y a un manque de vêtements et de biens,
  • Lorsqu'il y a perte de vie humaines et animales,
  • En cas de maladie, de dommages causés par des forces négatives, d'ennemis et d'esprits,
  • Dans toutes ces conditions terribles, les Bodhisattvas, les descendants du Bouddha, sont ceux pour qui les mauvais présages se transforment en bienfaits et pour qui l'adversité devient un ami.

D'un autre côté, les Bodhisattvas qui n'ont pas beaucoup de courage et qui n'ont pas les moyens sont incapables de supporter les moindres difficultés. Comme il est dit: «Quand le soleil est chaud et que l'estomac est plein, vous ressemblez à un pratiquant. Quand des revers et des moments difficiles arrivent, vous êtes vraiment très ordinaire! »

 

Strophe 36:

Je me prosterne devant les corps de ceux en qui

L'état d'esprit sacré, le joyau, est apparu.

Je prends la sécurité de ces sources de bonheur

Qui amènent au bonheur même ceux qui leur nuisent.

 

Shantideva rend un hommage respectueux en pensée, en paroles et en actes à tous ceux, qu'ils soient de condition élevée ou inférieure, dont le cœur a généré le précieux esprit d'éveil, c'est-à-dire un état d'esprit des plus sacrés  - le désir de dissiper tous les désagréments de l'état d'existence comme de l'état de paix.

Même lorsque les Bodhisattvas sont attaqués et vilipendés, c'est par la force de leur compassion, de leur Bodhicitta, de leurs moyens habiles et de leurs prières d'aspiration, qu'ils forgent des liens qui relient leurs agresseurs au bonheur à la fois immédiat et ultime. Et ils les aident à l'atteindre.

 

Ceci est illustré par l'histoire du sage Kshantivadin et du roi Maitribala.

« Dans l'une de ses nombreuses vies antérieures, le Bouddha s'était détourné de la vie de chef de famille pour devenir un sage ascète. Il était réputé pour ses nombreuses vertus saintes, et surtout pour sa patience et sa retenue, ce qui lui valut le nom de Kshantivadin, « Maître de la retenue ». Il vivait dans une clairière et consacrait tout son temps à la pratique spirituelle.

 

Un jour, le roi d'un royaume voisin vint visiter un magnifique lac, accompagné de ses jeunes épouses. Après s'être livré à diverses activités hédonistes, le roi, ivre, s'assoupit. Pendant qu’il dormait, ses épouses partirent en quête de cueillir des fleurs. Ce faisant, elles s'éloignèrent peu à peu du lac et arrivèrent à proximité de la demeure de Kshantivadin. Impressionnées par sa sainte présence, elles sollicitèrent ses enseignements. Kshantivadin leur parla des vertus de la modestie, de la patience et de la retenue.

 

Le roi se réveilla et dès qu’il s’aperçut de l’absence de plusieurs de ses épouses, il demanda aussitôt à ses serviteurs de le conduire où elles étaient allées. Lorsqu'il arriva à la clairière de l'ascète et vit ses femmes assises devant lui, il fut pris d’une forte jalousie. Il accusa le Bodhisattva d'être un hypocrite qui prétendait être saint tout en convoitant ses femmes. Kshantivadin et les femmes tentèrent d'expliquer qu'il ne faisait rien de mal, mais la rage du roi était impénétrable. Il menaça de torturer Kshantivadin jusqu'à ce qu'il admette son hypocrisie, sa fraude en prétendant être un faux ascète. Il lui coupa la main avec son épée ; puis les bras, le nez, les oreilles et les pieds. Conscient de l'inévitabilité de la mort, le Bodhisattva ne fit rien pour l'arrêter.

 

Quand le roi eut fini et repartit vers le lac, la terre s'ouvrit et l'engloutit dans une crevasse ardente. Voyant cela, l'un des serviteurs craignant que Kshantivadin ait maudit le roi, se mit à le supplier d'épargner les innocents du royaume. Kshantivadin expliqua que ce n'est pas lui qui avait fait avaler le roi par la terre et qu'il n'avait aucune rancune envers lui ou son peuple. Kshantivadin dit qu'il avait seulement pitié de l'esprit jaloux du roi parce que cela allait le blesser plus que quiconque. Le Bodhisattva mourut alors. La nouvelle que le roi avait massacré un ascète innocent se répandit dans tout le royaume, sa réputation fut détruite et sa lignée royale prit fin. »

Shantideva prend donc Refuge dans les Bodhisattvas. Car ce sont des êtres suprêmes, source de bonheur dans cette vie et dans les vies futures. Toute sorte de relation avec eux est toujours bénéfique. Nous devrions faire comme Shantideva. Nous devrions nous prosterner devant les Bodhisattvas, enfants des Bouddhas, et prendre Refuge en eux.

La raison principale de se familiariser avec les qualités de ceux dont l'esprit est empreint de Bodhicitta est que l'on va alors confesser toutes les fautes de pensée, de parole et d'action que l'on a commises contre les Bodhisattvas. On s’engagera à s’abstenir de telles fautes à l’avenir et on prendra les Bodhisattvas comme refuge. C'est en fait ce qui devrait résulter. Toutefois, juste savoir tout cela et l'expliquer aux autres ne sert à rien. Il est vital de prendre tout cela à cœur et de méditer dessus.

On dit généralement que le Tibet est le domaine de l'activité bienveillante du noble et compatissant Avalokiteshvara et que les Tibétains appartiennent à la lignée du Mahayana. Et dans l'ensemble, il n'y a personne là-bas de nos jours qui n'ait pas reçu d'initiation. Ce sont par conséquent des Bodhisattvas, dignes d'hommage, à la fois de la part des dieux et de l’humanité ; il s'agit donc d'un peuple exceptionnel doté de nombreuses qualités. En effet, ce sont les Bouddhas du futur. Par conséquent, si l'on a eu des idées fausses à leur sujet dans le passé, en leur imputant des fautes et des imperfections qu'ils n'ont pas, tout en niant les qualités qu'ils possèdent, il nous faut dès lors l'avouer et se résoudre à ne jamais répéter une telle action. Désormais, il faut s'entraîner à la vision pure à leur égard, leur rendre hommage et prendre Refuge en eux.

De plus, il est dit dans les Sutras qu'à l'ère de la dégénérescence, il se peut que les Bodhisattvas commettent des erreurs lorsqu'ils sont en relation avec d'autres personnes. Il est donc important de ne pas s'attarder sur les défauts des autres, mais de s'entraîner les percevoir comme purs. On dit en outre que nous devrions vénérer les Bodhisattvas, imitant les brahmanes de l'Inde qui, prenant la lune pour leur divinité, la vénèrent pendant qu'elle croît, mais pas quand elle est pleine. Même si les Bodhisattvas ont des défauts, ils deviendront néanmoins des Bouddhas. Leurs défauts, après tout, sont des phénomènes composés et seront par conséquent élimés à force de pratiquer le chemin. Personne ne devient éclairé en étant irréprochable dès le début. Il est donc dit qu'éviter de s'attarder sur les défauts et les fautes des autres est une instruction fondamentale des plus importantes.

Ceci conclut le premier chapitre du Bodhicaryâvatâra, appelé « L’Excellence et les Bienfaits de la Bodhicitta ».

Comme annoncé précédemment, nous ferons une session de questions / réponses pour apporter de la clarté là où certains d'entre vous semblent en avoir besoin.

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QUESTION: Session 3, strophe 9

«L'Ainsi-Allé» est-il le Bouddha?

RÉPONSE:

Sugata, Tathagata etc.

Celui qui est Allé vers la Félicité, "le Bien-Allé", "l'Ainsi-Allé" sont des expressions couramment utilisées pour désigner le Bouddha.

 

 QUESTION: Session 4, strophe 13

Qu'est-ce que l'enfer Avici?

RÉPONSE:

མནར་ མེ - Avicih est le 8ème des enfers chauds. "L'enfer du tourment sans fin" : on y éprouve la pire douleur de toutes, constante et inébranlable. Les êtres y sont piégés dans un bâtiment de métal en fusion avec des parois de double ou quadruple épaisseur dans lesquelles il n'y a aucune brèche.

Ils sont indiscernables du feu qui les insuffle et les brûle.

Il est précisé dans la Description des Enfers que les êtres qui font beaucoup de mal aux personnes qui ont des qualités sublimes, ou qui tuent leurs parents ou leurs maîtres spirituels, brûleront sûrement pendant tout un kalpa dans cet Enfer. La durée de la vie dans cet enfer est égale à un kalpa intermédiaire - «antahkalpa», une période de temps incommensurable en années humaines.

 

QUESTION: Session 4, strophe 16

Qui est Atisha?

RÉPONSE:

Lord Atisha est un grand maître Kadampa qui a ramené le Dharma au Tibet au 11ème siècle après le règne de Langdharma qui a essayé d'exterminer le Dharma. Je l'ai mentionné à plusieurs reprises et nous avons visité Drolma Lhakhang son lieu de résidence dans la vallée de NyeTang.

C'était un maître bouddhiste originaire de la région du Bengale. Il fut l'une des figures majeures de la propagation du bouddhisme Mahayana et Vajrayana du 11ème siècle en Asie et porta la pensée bouddhiste de Sumatra au Tibet. Atisha est reconnu comme l'une des plus grandes figures du bouddhisme classique.

Son principal disciple, Dromtönpa, fut le fondateur de la tradition Kadampa, supplantée au 14ème siècle par la tradition Gelugpa, adoptant ses enseignements et absorbant ses monastères.

 

Je vous invite à demeurer dans le calme quelques instants avant de dédier cette séance pour le bénéfice de tous.

Puissent tous les êtres manifester rapidement leur véritable essence de Bouddha.

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