Shantideva’s
Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin
Chapitre DEUX
Session 13 - le 17 avril 2021
Bonjour,
REFUGE – MANDALA - REQUÊTE
Invocation du Lama – Quiétude mentale
La semaine dernière, nous nous sommes arrêtés à la strophe 34, se rapportant à la confession de nos actions négatives. Dans les quelques strophes qui suivent, Shantideva souligne la futilité de tous nos engagements avec nos accointances et les situations dans lesquelles nous nous trouvons impliqué(e).
En effet, car toutes expériences vécues ainsi que leurs auteurs, sont soumis à la loi de l'impermanence et finiront par disparaître.
Chapitre deux - Strophe 35 :
Mes ennemis disparaîtront,
Mes amis disparaîtront de même
Et moi aussi, je disparaîtrai :
Tout est promis à disparaître…
Car même s'il n'a pas réussi à les vaincre, ses ennemis mourront de toute façon et cesseront d'exister. Même s'il réussit à garder et à prendre soin de ses amis et de ses proches, eux aussi disparaîtront dans la mort. Et lui-même mourra et cessera d'être.
L'univers entier, ses continents et ses montagnes, ainsi que tous les êtres qu'il contient, -amicaux, hostiles ou indifférents-, qu’ils soient forts comme la foudre, riches comme les nagas, beaux comme les dieux ou aussi fascinants que des arcs-en-ciel - tout est destiné à périr.
Quelles que soient les forteresses construites, les richesses accumulées, les familles réunies, tout s’en ira. Pourquoi Santidéva voit-il les choses ainsi ? C’est pour que nous réalisions l’absurdité de faire le mal pour tout cela !
Chapitre deux - Strophe 36 :
Tous les objets dont j’aurai usé
Comme en rêve
Ne seront plus que des souvenirs
Et, passés, je ne les reverrai plus.
Shantideva donne l'exemple des objets des cinq consciences sensorielles dont il avait joui dans ses rêves de la veille, ainsi que tout ce qu’il avait fait à leur égard : les ennemis qu'il a vaincus, les amis qu'il a protégés, la richesse, les honneurs et tout ce qu'il avait gagné ou acquis. Au réveil le lendemain matin fort de constater que rien n’en subsiste : tout n'est plus que souvenir.
De la même manière, dit-il, tout ce qui a été fait la veille, toutes les distinctions et discriminations faites concernant les cinq objets des sens - accepter les uns, rejeter les autres, subjuguer les rivaux, soutenir les amis ; tout ce qui fut fait au nom des affaires, des terres, de la richesse, de l'honneur, de la renommée, de la nourriture et des vêtements, -tout ce qui fut voulu avec tant d’insistance-, tout n’est plus qu’un souvenir qui se résume à pouvoir dire : « Ce que j’ai fait et ce qui m’a été fait. »
Mais tout ceci est passé, n'existe plus et ne sera jamais plus. Quoi que ce soit, cela ne porte plus ni avantage ni préjudice. Il est donc vain de s'engager par rapport à ces choses.
Chapitre deux - Strophe 37 :
Au cours de cette seule vie
J’ai perdu autant d’amis que d’ennemis ; moi -même je disparaîtrai
Mais les terribles méfaits que pour eux j’ai commis
Se tiennent toujours là, devant moi.
Sans parler des amis et des ennemis que nous avons rencontrés au cours de nos vies passées, juste dans l’existence présente, de nombreuses personnes que nous aimions ou n'aimions pas sont décédées. Ils ne sont plus que des souvenirs, incapables de nous aider ou de nous nuire de la moindre façon.
Nous pourrions penser que la même chose s'applique aux mauvaises actions que nous avons commises pour eux ; nous pourrions penser que celles-ci aussi ont disparu et ne peuvent avoir aucun effet sur nous. C’est là une grave erreur : les conséquences des mauvaises actions que nous avons commises sous le pouvoir de l'attachement ou de la haine envers nos amis ou nos ennemis, doivent encore être manifestées. Notre karma est comme notre ombre. La loi de cause à effet ne peut être contournée.
Chapitre deux - Strophe 38 :
N’ayant jamais réalisé que,
Moi aussi, j’étais promis à disparaître,
J’ai commis de multiples actes négatifs
Par ignorance, attachement et colère.
En bref, Shantideva dit que l'idée ne lui est jamais venue à l'esprit qu'il n'était qu'un phénomène transitoire - comme un voyageur de passage. Le moment viendra bientôt où il cessera d'être.
Sans connaissance ni compréhension, dit-il, il s'est accroché à l'idée que les choses sont permanentes. Par attachement aux choses qu'il voulait et aux personnes qu'il percevait comme proches de lui, et par aversion pour ce qu'il n'aimait pas et tout ce qu'il percevait comme étranger, il a tué, volé et commis tant d’actes négatifs.
Chapitre deux - Strophe 39 :
Sans interruption, jour et nuit,
Cette vie ne cesse de s’écourter
Sans que nul ne puisse la prolonger.
Pourquoi donc un être comme moi ne mourrait-il pas ?
Le fait est que la durée de vie n'augmente pas. Sans jamais s'arrêter, nuit et jour, les moments qui nous rapprochent de la mort s'écoulent. Pas un seul instant ne demeure. Comme le dit l'adage, lorsque le karma qui propulse la vie présente est épuisé, il n'y a aucun moyen de la prolonger même si le roi des médecins devait apparaître en personne.
Aucune force extérieure, dit-il, ne peut augmenter sa durée de vie. Pour chacun(e) d’entre nous, que pouvons-nous attendre sinon la mort ? Tout ceci nous montre l’urgence de confesser nos méfaits.
Chapitre deux - Strophe 40 :
Quand sur mon lit de mort je serai
Entouré de mes amis et de mes proches,
C’est moi seul qui ressentirai
Les affres de la vie qui s’éteint.
Shantideva se représente très lucidement ce qui se passera quand sa vie prendra fin. Il sera impuissant sur son lit de mort, entouré de ses proches qui souffriront comme s'ils mouraient eux-mêmes à sa place.
Ceux-ci feront tout ce qu’ils peuvent pour le protéger, mais tout sera vain car personne ne peut enlever l’angoisse insupportable qui vient au moment de la mort. Lui seul pourra la ressentir.
Chapitre deux - Strophe 41 :
Quand les émissaires de la Mort m’empoigneront,
À quoi me serviront mes amis et mes proches ?
Seuls mes mérites m’offriront un refuge :
Cela même que j’aurai négligé !
Lorsque le processus de dissolution s'installe, les hallucinations produites par son mauvais karma prendront la forme des terrifiants messagers du Seigneur de la Mort. Ils le saisiront et l'attraperont par le cou avec un lasso noir, et, alors qu’il se sentira abandonné, il sera battu avec des marteaux.
Quelle aide pour lui seront ses parents, sa famille et ses amis proches ? Personne, dit Shantideva, ne pourra le protéger. À ce moment-là, seul le mérite qui découle des actes positifs – pour autant qu’ils aient été accomplis et accumulés - sera d'une quelconque utilité. C'est la meilleure protection, voire la seule ; et voilà que c'est précisément ce qu'il a négligé dans le passé en haussant les épaules.
Chapitre deux - Strophe 42 :
Ô protecteurs, dans mon inconscience
Je n’avais pas imaginé pareille frayeur,
Et c’est ainsi que, pour cette vie sans durée,
J’ai réalisé beaucoup de mauvaises choses.
Criant de misère, il fait appel à ses protecteurs, les Bouddhas et Bodhisattvas dotés d'une grande compassion. Dans l’ignorance de ce qu'il fallait faire et de ce qu'il fallait éviter, il n'avait aucune foi dans le principe karmique de cause à effet. Négligeant ses actions en pensée, en parole et en action, il a fait de nombreuses mauvaises choses.
Ne réalisant pas les horreurs terribles en réserve - la mort, le bardo et les mondes inférieurs dans la prochaine vie - il tua et commit de nombreux méfaits pour vaincre ses ennemis, protéger ses amis et accumuler richesse et subsistance. Tout ceci, pour le bien de sa vie présente, si insignifiante, si éphémère ! À l'heure de sa mort, il devra souffrir terriblement et son sort sera vraiment misérable.
Chapitre deux - Strophe 43 :
Si l’homme qu’on emmène
Au lieu de son supplice
Est défiguré par la peur,
La gorge sèche, les yeux exorbités,
A titre d'exemple, Shantideva considère la situation d'un homme condamné pour un crime grave et remis à la justice. Il est traîné sur l'échafaud par ses semblables, qui ne feront qu'amputer ses membres. Même dans ce cas, il est terrifié. Sa bouche béante est sèche, les yeux vitreux et saillants, son visage est livide et sa tête baissée. Il est complètement transfiguré par la terreur.
Chapitre deux - Strophe 44 :
Que ferai-je quand les messagers de la Mort
Aux formes effroyables s’empareront de moi
Et que, malade de terreur,
J’atteindrai le comble du désespoir ?
Shantidéva réfléchit alors à la réalité qu'il vivra lorsqu'il sera attrapé par les messagers du Seigneur de la Mort ? Hallucinations provoquées par son mauvais karma, il sera soumis à des fantômes nus, sept fois la taille d'un être humain. Échevelés, ils ont les yeux vitreux, fixes et triangulaires. Leurs crocs sont visibles, mordillant leurs lèvres inférieures et leur souffle sifflant est aussi fort qu'un ouragan.
Féroces et frénétiques de rage, armés de crochets de fer, de nœuds coulants et de marteaux, ils sont terrifiants. Ils le lieront avec des cordes et l'entraîneront vers sa prochaine existence en enfer. Là, dans la terreur des ténèbres infernales et du sol brûlant causé par son karma négatif, criant « Frappez-le ! Tuez-le ! », Les serviteurs du Seigneur de la Mort vont l'attraper, le battre, lui couper les bras et les jambes.
Inutile de parler de peur et de misère, il subira les tortures les plus horribles !
Chapitre deux - Strophe 45 :
Qui m’offrira une protection efficace
Contre cette épouvante ?
Les yeux agrandis par l’effroi, je fouillerai
Les quatre horizons en quête d’un refuge,
C'est à de tels moments, dit Shantideva, que les gens crient en appelant "Lama Rinpoché ..." se tournant vers quiconque pourrait avoir de la compassion. Ils sont terrifiés et paniqués. Parce que la peau de leurs visages est tendue vers l'arrière du crâne, leurs yeux ne sont pas fermés mais grands ouverts et fixes, cherchant désespérément de l'aide et un refuge de tous les côtés.
Mais même le Bouddha ne peut pas les protéger de l'expérience du mauvais karma qu'ils ont accumulé. Quand Devadatta tomba en enfer, il cria : "Gautama, je brûle, je brûle !" Mais le Bouddha ne put le sauver.
Chapitre deux - Strophe 46 :
Mais nulle part je ne trouverai de secours
Et mon désespoir atteindra son comble.
Que ferai-je alors
S’il n’est pas de salut en ces lieux ?
Réalisant qu'il n'y a pas de protection possible, pas d'échappatoire, alors vient le sentiment d'être complètement abandonné. À ce stade, on se souvient être né sur Jambudvipa, un exploit si difficile à réaliser ; avoir gagné un corps humain doté de libertés et d’avantages, si rare et précieux ; avoir rencontré un maître, si difficile à rencontrer ; avoir reçu le sublime Dharma, si difficile à obtenir, et avoir même acquis une légère compréhension de la conduite à adopter et de ce qui aurait dû être abandonné.
Néanmoins, cette rare opportunité ayant été gaspillée dans de mauvaises actions et dénuée de vertu, beaucoup de mal a été commis. Désormais sans défense et sans refuge, il faut affronter la mort sans défense ; il n'y a nulle part où aller sauf dans les royaumes inférieurs.
Réalisant tout le mal commis, les gens se déchirent les seins avec leurs ongles, sur leurs visages livides, les yeux éclatent de larmes. Leur souffle claque dans leurs gorges, leur tête et leurs membres tremblent et se contractent alors qu’ils meurent dans de grandes souffrances.
C'est ainsi qu'au moment de la mort, il n'y a pas de sécurité en dehors du sublime Dharma et de ses bonnes actions. Shantideva se demande ce qu'une personne méchante comme lui pourra faire quand il n'y a pas d'échappatoire possible. La seule issue, est de s’en remettre à la force du support.
Chapitre deux - Strophe 47 :
Victorieux protecteurs des mondes
Dévoués à secourir les êtres,
Vous avez la force d’éliminer la peur
Et je prends, dès ce jour, refuge en vous.
Au moment de la mort, dans la terreur, les gens cherchent partout une protection. Mais il n'y en a pas. Par conséquent, il est essentiel de résoudre qu'à partir de ce jour, nous nous réfugions dans le Bouddha victorieux et parfait. Il est le gardien de tous les êtres sans exception, qui, pour protéger de la douleur des êtres aussi infinis que le ciel est vaste, ont d'abord engendré l'aspiration à l’éveil suprême. Il a ensuite travaillé pour le bien de tout ce qui vit, et est devenu le grand et puissant Protecteur, le Bouddha doté des dix pouvoirs :
1. Le Pouvoir de savoir ce qui est correct et ce qui est incorrect.
2. Le Pouvoir de connaître tous les résultats de maturation des actes.
3. Le Pouvoir de connaître les différents types d’individus.
4. Le Pouvoir de connaître leurs aptitudes.
5. Le Pouvoir de connaître leurs intérêts.
6. Le Pouvoir de connaître les différents chemins de l’éveil.
7. Le Pouvoir de connaître toutes les absorptions méditatives.
8. Le Pouvoir de se remémorer les vies passées.
9. Le Pouvoir de la Vision Divine.
10. La Connaissance de l'épuisement de la souillure.
Possédant ces dix forces de la connaissance, le Bouddha a parfaitement instruit les êtres dans le Dharma sacré. Si nous agissons selon ses paroles, les peurs et les souffrances du samsara et en particulier celles des royaumes inférieurs, seront dispersées.
C'est la façon de penser : nous devons recevoir les enseignements, y réfléchir et les méditer à tour de rôle.
Ce sera tout pour aujourd'hui ; éprouvons maintenant un peu de tranquillité et consacrons notre séance au bénéfice de tous.

