Session 14

Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin

Chapitre DEUX

Session 14 - le 24 avril 2021

Chapitre deux (Strophes 48 à 58)

 

Bonjour,

 

REFUGE – MANDALA - REQUÊTE

Invocation du Lama – Quiétude mentale

 

Poursuivant la confession de nos actions négatives, nous nous sommes arrêtés la semaine dernière à la strophe 47 faisant l’éloge du grand pouvoir du support. Shantidéva y décrit d’abord la grande force du premier objet de Refuge, le Bouddha. Afin de nous permettre d’évaluer cette grande force, je vous ai brièvement décrit les dix pouvoirs d’un Bouddha.

Dans la strophe suivante, Shantidéva nous invite à prendre refuge dans les deux objets de refuge supplémentaire à savoir, le Dharma sacré et la communauté des Bodhisattvas.

 

Chapitre deux - Strophe 48 :

Je prends authentiquement refuge, aussi, 

Dans le Dharma que vous avez réalisé 

Et qui dissipe les frayeurs du samsâra, 

Ainsi que dans la communauté des bodhisattvas.

 

Sur le chemin de l'éveil, le Bouddha a rassemblé les deux accumulations de mérite et de sagesse durant six éons incommensurables. Sous l'arbre de l’éveil il atteignit la sagesse omnisciente et déclara :

« La Vérité Utime, très profonde et extrêmement paisible, 

Est dépourvue de concepts, lumineuse et non fabriquée :

Ce nectar de vérité, je le découvre enfin !»

En conséquence, le Dharma de réalisation que le Bouddha obtint, comprend tous les enseignements vastes et profonds. Pratiqué, il disperse et apaise toutes les craintes du samsara. Pour cette raison, nous nous réfugions dans le Dharma de transmission et de réalisation et le prenons pour chemin.

Nous nous réfugions aussi parfaitement, franchement et sans hésitation - dans l'Arya sangha des nobles Bodhisattvas résidant sur les bhumis d'où il n'y a point régression. Car ce sont nos compagnons sur le chemin. Ici spécifiquement, Shantidéva fait référence aux bodhisattvas au 8ème niveau et au-dessus.

Plus de clarté sur ce sujet, peut être acquise par l’étude de textes « Lam Rim » telles que « L'ornement de la Précieuse Libération » du Seigneur Gampopa ou le « Lam Rim » de Je Tshongkapa.

 

Chapitre deux - Strophe 49 :

Sous le coup d’une peur absolue, 

J’offre mon être à Samantabhadra, 

Et à Mañjughosha j’offre 

Mon corps également.

 

Dans les quatre strophes suivantes, Shantidéva s'adresse aux très puissants Bodhisattvas qui résident au 10e bhumi. Il le fait dans un état de très grande anxiété à l'idée de la mort et en pensant au samsara et aux royaumes inférieurs qui l'attendent dans sa prochaine existence.

Nous devons aussi avoir cette attitude. Il est dit que si lors d’une telle invocation, nous n'avons pas vraiment peur, nous faisons semblant et parlons faussement aux Bouddhas et aux Bodhisattvas, qui sont attristés de ce fait.

Dans un état de grande détresse, Shantidéva fait d’abord appel au noble Samantabhadra, et lui offre son corps et tous ses biens.

De la même manière, il offre son propre corps librement et sans contrainte à Manjughosha, premier parmi les bouddhas.

 

Chapitre deux - Strophe 50 :

Vous dont la compassion œuvre sans méprise, 

Ô protecteur Avalokita, mes cris 

De désespoir vous appellent :

Protégez l’être malfaisant que je suis !

 

Shantideva fait appel ensuite à Chenrezig qui manifeste une bonté aimante au profit d'innombrables êtres sans la moindre trace d'attachement dualiste. De ce fait, les qualités inspirées par sa grande compassion sont harmonieusement manifestées dans son comportement extérieur : en tout temps, il veille sur les êtres. C'est pourquoi il est appelé Avalokiteshvara.

Avec une foi confiante et irréversible, Shantideva lui crie, terrorisé à l'approche de la mort et du bardo. Dans une agonie de chagrin et dans une profonde détresse, il avoue le karma accumulé à travers ses mauvaises actions du corps, de la parole et de l'esprit. L'esprit est ici très important :

Les mauvais karmas proviennent des pensées. Les pensées se manifestent à cause de l'attachement au

« Je » et au « mien », à soi et aux autres. La saisie égocentrique naît de l'ignorance. C'est à cause de cela qu'à tout moment, que nous écoutions, réfléchissions ou pratiquions le Dharma sacré, nos esprits ne restent pas concentrés mais suivent des pensées négatives causées par l'attachement et l'aversion.

Shantideva reconnaît ses actes répréhensibles et implore Avalokiteshvara de le protéger de son karma diabolique.

 

Chapitre deux - Strophe 51 :

Âkâshagarbha et Kshitigarbha, 

Sublimes protecteurs, grande est votre compassion. 

Je vous implore du fond de mon cœur : 

Accordez-moi votre protection ! 

 

De même, alors que nous avons prononcé des vœux mais ne les respectons pas, nous devrions nous fier à Akashagarbha, lui rendre hommage, faire des offrandes, etc. Ceci est important car le Seigneur Bouddha lui-même a déclaré que pour les débutants sur le chemin du Bodhisattva qui commettent des chutes, le noble Akashagarbha est comme leur bâton de marche.

De même, nous devrions invoquer Kshitigarbha, le protecteur aimant et attentionné de ceux qui sont démunis et en déclin, tels que les débutants dans la vie monastique, dont la conduite est infectée par la souillure et n'est encore qu'un simple semblant de discipline monastique.

Nous devons également invoquer Maitreya et Sarvanivaranavishkambhin et tous les autres puissants Bodhisattvas du dixième bhumi, résidant dans les champs de bouddha des dix directions et dont les prières et la compassion sont extrêmement vastes. Dans tous ces êtres, nous devons prendre refuge, les invoquant par leur nom et implorant leur protection du fond de notre cœur.

 

Chapitre deux - Strophe 52 :

En vous, dont la vue terrorise 

Les émissaires de la Mort et les porteurs de haine 

En les chassant aux quatre horizons, 

Ô Vajrapâni, je prends refuge.

 

 A Vajrapani aussi, le glorieux Seigneur des Secrets, à la vue duquel messagers et hommes de main du Seigneur de la Mort fuient en panique dans les quatre directions - à lui, dont la simple apparence chasse toute terreur, nous devrions nous réfugier avec foi et dévotion.

Il est dit que tous les bouddhas des trois temps, depuis le moment où ils génèrent la Bodhichitta jusqu'à ce qu'ils atteignent l’éveil parfait, tournent la roue du Dharma et passent en parinirvana - sont gardés par le glorieux Vajrapani, qui brandit un vajra flamboyant dans sa main et écrase la tête de tous ceux qui tentent de les attaquer, que ce soit en pensée, en parole ou en acte.

Il est l'incarnation spontanée de l'esprit vajra de tous les bouddhas par qui il est habilité en tant que souverain du secret inconcevable du corps, de la parole et de l'esprit éveillés.

Pour les pratiquants du Mantrayana, il est essentiel de s'appuyer sur une divinité yidam. Cela peut être l'un des Bodhisattva des trois lignées, ou toute autre divinité yidam vers laquelle nous nous sentons personnellement attirés. Une divinité est nécessaire et suffisante.

Nous devons demander l'initiation de notre divinité yidam et pratiquer la visualisation appropriée ainsi que la récitation de son mantra, sans jamais l'oublier. Nous pourrons alors nous en souvenir chaque fois que des situations effrayantes surviennent, même la nuit dans nos rêves. On dit que si nous le faisons, nous aurons la vision de la divinité yidam venant nous accueillir au moment de notre mort.

 

Chapitre deux - Strophe 53 :

J’ai autrefois transgressé vos instructions 

Mais aujourd’hui, voyant l’ampleur du danger, 

Je prends refuge en vous et vous implore : 

Libérez-moi de la peur sans tarder !

 

Shantidéva avoue qu’il a transgressé les paroles des Bouddhas et des Bodhisattvas, qu'il n'a pas agi vertueusement et ne s'est pas détourné du mal. Maintenant qu'il peut voir les terreurs de la mort, le bardo et les royaumes inférieurs qui lui sont réservés, il se réfugie dans les grands compatissants. 

Tout comme lorsque vous tombez, vous prenez appui sur le sol pour vous relever sans la moindre hésitation Avec cette confiance sans aucun doute et non fabriquée, il prie pour qu'il soit libéré de sa peur et de sa souffrance.

En ce qui concerne la puissance du remède, l'essentiel est le développement des qualités appropriées. Cela signifie générer dans votre esprit un antidote qui purifiera la négativité. Méditer à plusieurs reprises sur la loi du karma cause et effet et sur notre impermanence est bien utile. Si ce n'est pas suffisant, nous devons réagir en cultivant un état d'esprit par lequel la négativité est purifiée.

Si nous ne parvenons pas à l'appliquer par paresse et distraction, nous devrions méditer sur le karma et l'impermanence. Cela nous encouragera à appliquer l'antidote le plus rapidement possible. 

Une fois cette compréhension pleinement développée et mise en œuvre, toute action vertueuse, réalisée en conjonction avec les trois méthodes suprêmes(*), agira comme une purification de la négativité.

(*)                                     - L’intention de faire une action vertueuse pour rompre avec notre comportement négatif.

                             - Tout en agissant vertueusement, maintenir une attitude de regret de ses méfaits.

- Consacrer le mérite accumulé à la purification de la non-vertu.

Accompagnée de ces trois méthodes de préparation, l'action elle-même et la conclusion, toute action vertueuse sert de purification et constitue ainsi un antidote. Si nous ne pratiquons pas de cette manière, nous pourrions bien passer toute notre vie en méditation solitaire, mais à moins que nous ne confessions et ne purifions même nos plus petits défauts en utilisant la pratique comme antidote, nous devrons expérimenter leurs résultats karmiques.

Aussi grandes que puissent être nos actions positives, si nous ne nous concentrons pas sur elles avec l'intention qu'elles agissent comme une force réparatrice à nos négativités, ces dernières ne seront pas surmontées.

 

Chapitre deux - Strophe 54 :

Si, effrayé par les maladies ordinaires, 

Je dois suivre les conseils d’un médecin, 

À plus forte raison le dois-je quand le désir 

Et les autres maux, par centaines, m’affligent sans répit.

 

Shantidéva nous explique ensuite pourquoi la confession est nécessaire. 

Si nous sommes effrayés par une maladie ordinaire, causée par un déséquilibre des éléments qui nous constituent (« nyepas »), nous devons nous fier aux médicaments prescrits par un médecin et nous devons supporter le traitement qui nous est prescrit.

Cela étant, il va sans dire que, constamment affligés depuis des temps sans commencement par les maladies des cinq émotions conflictuelles, nous devons suivre les instructions du Bouddha, le médecin suprême. Nous devons rejeter ce qui doit être évité et mettre en œuvre ce qui doit être accompli

 

Chapitre deux - Strophe 55 :

Si un seul de ces maux a le pouvoir d’anéantir 

Tous les êtres humains qui peuplent la terre 

Sans qu’il soit possible de trouver nulle part 

Un remède qui les guérisse,

 

Considérant que l'une de ces émotions négatives, comme la soif, ou une seule personne dont l'esprit en est infecté, peut affecter tous les êtres du monde, les projetant dans les douleurs des royaumes inférieurs ; et bien que nous devions chercher dans toutes les directions, il n'y ait pas d'autre remède à trouver que le Dharma sacré, pour guérir la maladie des souillures… 

Cette strophe constitue la première partie de l'argument menant à la strophe suivante donnant sa conséquence.

 

Chapitre deux - Strophe 56 :

Autre que les paroles de l’omniscient médecin, 

Lesquelles extirpent toutes les douleurs, 

Il est stupide et méprisable 

De pas vouloir les écouter.

 

Le Bouddha étant le meilleur des médecins qui a le pouvoir de guérir une telle maladie, négliger de suivre le saint enseignement énoncé par Lui, ayant de fausses idées à ce sujet, doit être abandonné car vu comme extrêmement naïf : nous agirions comme des idiots ignorants et apparaîtrions comme très insensés aux yeux des Bouddhas et des Bodhisattvas - ainsi que des divinités protectrices qui, mécontents, se détourneront de nous.

Comme l'a dit Nagarjuna :

« Plus idiot qu'un homme qui prend du vomi nauséabond avec une cuillère ornée de bijoux et d'or,

Sont ceux qui, ayant acquis une naissance humaine, se souillent par de mauvaises actions ».

 

Chapitre deux - Strophe 57 :

Si un petit ravin ordinaire

Commande la prudence, 

Que dire d’un abîme où l’on plonge 

Interminablement sur des milliers de lieues ?

 

En pensant à l'abîme des royaumes inférieurs, résultat des actions maléfiques, Shantidéva insiste une fois de plus sur la nécessité de la confession et de la purification :

Lorsque nous sommes en haut d'une volée d’escalier ou sur une petite falaise ordinaire, nous faisons très attention par crainte de nous blesser la tête ou les membres. Il va sans dire que de peur de tomber dans les royaumes inférieurs à vingt mille lieues sous terre vers l'enfer ressuscitant et autres destinations similaires pour y demeurer dans des douleurs terribles pour un éon intermédiaire ou plus, nous devons agir avec la plus grande attention.

 

Chapitre deux - Strophe 58 :

Il n’est pas raisonnable de rester tranquille 

En pensant qu’on ne mourra pas 

Tout au moins aujourd’hui, car l’heure viendra, 

Sans le moindre doute, où l’on disparaîtra.

 

Il nous est donc conseillé de faire un effort immédiat de nous engager dans la vertu. C'est le remède. Il est tout à fait inapproprié de rester dans un état de nonchalance insouciante, en se disant qu'aujourd'hui au moins nous ne mourrons pas. Car il ne fait aucun doute que le moment où nous cesserons d'être est imprévisible !

Comme signalé par Nagarjuna dans le Suhrillekha, sa lettre amicale au roi Sadvaha :

« La vie vacille dans les rafales de mille maux, plus fragile que les bulles sur un ruisseau.

Pendant le sommeil, à chaque respiration, elle s'écarte et est à nouveau aspirée.

Quelle merveille que nous nous réveillions encore vivants ! »

 

Il reste sept slokas pour compléter l’étude du deuxième chapitre du Bodhicaryâvatâra. Je vous invite à préparer les questions éventuelles que vous pourriez avoir et à me les envoyer par courriel.

Nous arrêterons ici aujourd’hui. Demeurons quelques instants en quiétude mentale avant de dédier le mérite de cette session pour le bien de tous.

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