Session 25

Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin

Session 25 - le 17 juillet 2021

Chapitre Quatre : Développer la Conscience Attentive

 

Bonjour à tous, commençons la session en récitant les prières préliminaires :

 

REFUGE | MANDALA | DEMANDE D'ENSEIGNEMENTS

Invocation du Lama | Quiescence mentale

 

La semaine dernière, nous avons clos la séance sur la strophe 32 dans laquelle Shantidéva déclare que non seulement nos émotions conflictuelles sont nos pires ennemis, mais qu’elles sont aussi nos rivaux les plus anciens et les plus tenaces.

 

Chapitre Quatre : Strophe 33

Quand on les sert en répondant à leurs désirs,

Ils vous aident et cherchent à vous plaire,

Mais si vous servez vos émotions négatives,

C’est la souffrance qu’elles apportent en retour.

 

Réfléchissant aux difficultés qui découlent du fait de compter sur de tels ennemis que sont nos émotions perturbatrices, Shantidéva dit que s'il devait apaiser des ennemis ordinaires en leur donnant les biens matériels qu'ils veulent, ils finiront toujours par agir favorablement envers lui et lui apporteront leur aide.

Au contraire, peu importe combien il sert ses ennemis, les afflictions, c’est-à-dire son avidité, sa haine, son ignorance, et autres, peu importe combien il répond à leurs demandes, non seulement ils ne lui accorderont aucune faveur et ne lui apporteront aucune aide, mais ils ne lui causeront que du malheur dans cette vie et dans les suivantes.

Ils sont la source même de la dépendance au conflit et à la misère. Il doit donc les répudier au lieu de les aider et de renforcer leur emprise.

 

Chapitre Quatre : Strophe 34

Si mes ennemis de toujours, cause unique

Du foisonnement de tous mes maux,

Logent vraiment dans mon cœur,

Comment aimerais-je le samsâra sans le redouter ?

 

Pendant très longtemps, voire pour un temps sans fin et sans commencement, nos afflictions sont, sans la moindre interruption, nos ennemis naturels et non provoqués, tout comme le feu est naturellement brûlant. Et c'est d'elles seules qu'évoluent les divers déboires de cette vie et des vies futures.

De plus, elles élisent demeure dans les temples mêmes de nos cœurs. Si nous les servons parfaitement, il est certain qu'elles nous nuiront parfaitement. Si nous les servons modérément, elles nous nuisent modérément. Si nous les servons peu, elles nous nuiront peu. Et si nous ne les servons pas du tout, elles nous laisseront totalement tranquilles.

La raison fondamentale de tous ces maux, qui habitent dans nos cœurs, est le fait que nous ne craignons pas le samsara. Malgré qu'il ressemble à un brasier ou à un nid de serpents venimeux, et qu'il représente une cause de souffrance menaçante de par sa nature même. Au contraire, on y prend plaisir. Là est la faute. Comment pouvons-nous apprécier et être attaché aux choses samsariques ? C'est complètement insensé.

Bien qu'ils n'aient aucun désir pour les souffrances du samsara, les Bodhisattvas y prennent naissance et luttent pour le bien-être des êtres. C'est parce qu'ils sont mus par la compassion. Ce n'est pas qu'ils prennent plaisir dans le samsara, car si c'était le cas, ils voudraient que les êtres y restent et ne soient pas libérés.

Mais ce n'est pas le cas. Il est dit que les Bodhisattvas eux-mêmes ne peuvent pas supporter les chagrins insupportables des êtres du samsara. Ils ignorent ou minimisent donc leur propre souffrance et restent dans le samsara pour le bien des autres.

 

Chapitre Quatre : Strophe 35

Comment puis-je être heureux si ces gardiens

De la prison des existences, ces bourreaux

Qui assassinent dans les enfers et ailleurs, occupent

Mon esprit, nichés dans le filet de mes désirs ?

 

Nos émotions négatives sont comme des geôliers qui nous emprisonnent dans les trois mondes du samsara. Elles ne nous laissent pas nous échapper. Ce sont elles qui nous apparaissent sous la forme des tueurs qui nous massacrent dans l'enfer de la Résurgence et des autres états infernaux.

Et elles se cachent dans nos esprits, -dans la toile même de nos envies-, sans même que nous ayons envie de les répudier. Si nous nous y laissons prendre, comme des oiseaux emmêlés dans un filet, quelle chance avons-nous de nous réjouir dans cette vie et dans les futures ? Ce sont les ennemis que nous devons nous efforcer de vaincre !

De la strophe 28 à cette dernière, Shantidéva s’est employé à décrire longuement les défauts de nos émotions conflictuelles. Dans les versets suivants, il s'engage à endurer les difficultés liées à leur abandon.

 

Chapitre Quatre : Strophe 36

Je ne relâcherai pas mon effort

Avant de voir cet ennemi vaincu pour de bon.

Les arrogants qui s’emportent contre les petits agresseurs éphémères

Ne trouvent pas le sommeil avant de les avoir vaincus.

 

Il ne suffit pas de reconnaître les émotions conflictuelles et d'identifier leurs défauts. Elles doivent être rejetées. Par conséquent, Shantidéva dit que tant qu’il n’aura pas anéanti ses ennemis, les afflictions, et pas simplement fait mine de les avoir écartés, il cultivera dans son esprit leurs antidotes et s'y appliquera sans relâche.

À cette fin, il fera de grands efforts et ne permettra jamais à sa diligence de faiblir, même au prix de sa vie. C'est le sens de sa promesse. Shantidéva donne ensuite l'exemple d'une personne légèrement heurtée par un ennemi ordinaire, par exemple du fait du vol de sa monture ou de quel qu’autre bien.

La fureur de l'orgueil de la victime sera fortement incitée. Et tant qu'il n'aura pas eu raison de son adversaire, il ne pourra dormir, tourmenté par ses projets de vengeance.

Que dire alors des multiples efforts qui doivent également être déployés pour surmonter les émotions négatives, elles qui sont si hostiles et nous causent tant de mal.

 

Chapitre Quatre : Strophe 37

En déployant leurs troupes, ils veulent s’assurer qu’ils écraseront

Des misérables voués par nature aux souffrances de la mort

Et, au mépris des souffrances infligées par les armes,

Ils ne battent pas en retraite avant d’avoir atteint leur but.

 

Mais même si l'on ne fait pas beaucoup d'efforts pour vaincre ses ennemis ordinaires, le fait est que ceux-ci mourront de toute façon. Il est dans la nature des choses qu'ils périssent d'ici peu.

Ces ennemis ordinaires sont eux-mêmes victimes de la souffrance, c'est pourquoi ils sont qualifiés de manière peu flatteuse de "malheureux" ou "misérables". Ils sont eux-mêmes faibles et sont des objets de compassion.

Quand on se bat contre des ennemis dans l'espoir d'être victorieux, on ignore toutes les souffrances horribles que l'on sait être en réserve, les blessures de flèches, d'épées et de lances, etc. Et tant que l'on n'a pas atteint ses objectifs, c'est-à-dire la destruction de son adversaire, on se doit de tenir bon et refuser de céder.

Cette déclaration initiale est le premier argument introduisant la conclusion énoncée dans les quelques strophes suivantes, dans lesquelles Shantideva déclare clairement la profondeur et la force de sa détermination à soumettre les ennemis que sont les afflictions.

 

Chapitre Quatre : Strophe 38

Il va sans dire que, même par centaines, les douleurs

Ne me décourageront pas, dès lors que j’essaie de vaincre

Un ennemi vraiment tel par nature,

Source continue de toutes mes souffrances.

 

Cela étant, Shantidéva se dit qu'il doit lui aussi combattre et vaincre ses émotions conflictuelles, ces ennemis qui n'ont pour hâte que de lui faire du mal dans cette vie et dans les vies futures - eux qui demeurent incontestés peu importe la douleur qu'ils infligent tel pour le feu d'être brûlant. Ce sont nos ennemis naturels à tous, que l'on ait un statut supérieur ou inférieur. Chaque fois qu'ils apparaissent, ils visent notre destruction, et il est essentiel de faire le plus grand effort pour les vaincre.

Ainsi, Shantidéva déclare qu'à partir de ce moment, soucieux d'appliquer les antidotes, quelles que soient les adversités qui se présenteront (pauvreté, manque de vivres), toutes sources de cent vexations, il ne se laissera pas abattre et ne perdra pas courage.

Il ne s'autorisera pas à penser qu'il n'a jamais réussi à éliminer la souillure émotionnelle malgré l'utilisation d'antidotes et qu'il échouera à nouveau. Il ne se permettra pas d'adopter une attitude aussi défaitiste.

Au lieu de cela, il prendra plaisir à appliquer les antidotes. Il restera déterminé jusqu'à ce que ses ennemis, ses émotions souillées, soient tous vaincus. Il n'écoutera pas les voix de la dépression ni de l'oisiveté.

 

Chapitre Quatre : Strophe 39

On étale comme des parures sur son corps

Les absurdes blessures infligées par l’ennemi.

Comment la souffrance pourrait-elle m’affecter,

Moi qui lutte vraiment pour une noble cause ?

 

Les soldats affichent comme des trophées les cicatrices et les blessures à la tête et aux membres causées par des épées et d'autres armes - des blessures infligées par leurs ennemis dans des guerres menées sans noble dessein. Ils les présentent comme des insignes d'héroïsme.

Si tel est le cas, pourquoi devrait-il, Shantidéva, considérer comme nuisibles et préjudiciables les épreuves et les difficultés qui surviennent alors qu'il persévère dans la pratique des remèdes ; alors qu'il s'efforce dans les entraînements de Bodhisattva pour le grand objectif de l'Éveil tant pour lui-même que pour tous les autres êtres ?

Non seulement il n'y a en eux rien de nocif, mais ces remèdes sont aussi extrêmement bénéfiques. Car c'est par eux que ses souillures peuvent être purifiées !

 

Chapitre Quatre : Strophe 40

Si les pêcheurs, les bouchers ou les paysans

Supportent la chaleur, le froid et les autres misères

En ne pensant qu’à leur subsistance,

Comment ne le supporterais-je pas pour le bonheur des mondes ?

 

Les pêcheurs, les bouchers et les agriculteurs, pour gagner leur vie, se doivent d’œuvrer sans repos la journée durant ; la nuit ils dorment peu.

Les pierres sont tachées par leurs pieds ensanglantés, les arbres par le sang de leurs mains. Ils doivent patiemment ignorer tous les désagréments du froid et de la chaleur, du vent et de la pluie.

Cela étant, dit Shantidéva, pourquoi devrait-il reculer devant les difficultés rencontrées sur le chemin, dans son souhait d'amener les êtres au bonheur dans l'immédiat et ensuite à la grande félicité ultime de la bouddhéité ?

Il est évident qu'il doit accepter et endurer toutes ces épreuves.

 

Chapitre Quatre : Strophe 41

J’ai fait le serment de libérer de leurs émotions négatives

Tous les êtres, aussi loin que s’étendent

Les dix horizons de l’espace,

Sans être moi-même libéré de ces émotions.

 

Lorsqu'il a précédemment engendré la Bodhichitta, Shantidéva dit qu'il a fait une promesse impliquant tous les êtres dans les dix directions jusqu'aux confins de l'espace : il s'est engagé à emmener sur l'autre rive ceux qui n'ont pas encore traversé, à libérer ceux qui ne sont pas encore éveillés, et d'établir dans l'état au-delà de la souffrance ceux qui ne l'ont pas encore atteint.

En d'autres termes, il a fait la promesse de les libérer de tous leurs obscurcissements : le karma et les afflictions.

Lorsqu'il a fait cette promesse, lui-même n'était pas exempt d'émotions négatives, pas même dans une moindre mesure.

 

Chapitre Quatre : Strophe 42

N’était-ce pas folie que de parler de la sorte

Sans m’être évalué moi-même ?

Je ne renoncerai donc jamais

À vaincre les émotions négatives.

 

Il n'avait pas la mesure de ses propres capacités et faire une promesse aussi inconsidérée était, à coup sûr, un acte de folie. Car c'était comme s'il avait promis de sauver quelqu'un alors qu'il était lui-même lié et se noyait dans l'eau. Mais les engagements sont à honorer malgré tout !

Dès lors, Shantidéva se dit qu'il ne doit jamais reculer devant sa tâche mais doit appliquer les antidotes jusqu'à ce qu'il réussisse à vaincre ses ennemis, ses fautes. Maintenant qu'il l'a promis, il doit lutter avec la plus grande diligence.

Nous nous arrêterons ici pour aujourd'hui. La prochaine fois, nous terminerons les 6 prochaines strophes avec une explication quelque peu longue, sur la façon dont la souillure émotionnelle doit être abandonnée

Je vous invite à demeurer dans la paix mentale avant de dédier le mérite de cette session pour le bénéfice de tous.

 

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