Shantideva’s
Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin
Session 26 - le 24 juillet 2021
Chapitre Quatre : Développer la Conscience Attentive
Bonjour à tous, aujourd'hui est un jour très spécial car il marque la célébration de la conception du Bodhisattva Sakyamuni, descendu du royaume divin Tushita sous la forme d'un éléphant blanc à six défenses pour prendre place en la matrice de Maya Dévi.
Asvagosha dans son "Bouddha-Carita" narre cette occurrence et de nombreux sutras contiennent des descriptions de cet événement dont certaines, d'une grande beauté, sont des plus inspirantes.
Cela étant dit, je vous souhaite une magnifique journée, pleine d'expériences enrichissantes.
Commençons maintenant par les prières traditionnelles avant de poursuivre notre étude du Bodhicaryâvatâra écrit par le grand Shantideva.
REFUGE | MANDALA | DEMANDE D'ENSEIGNEMENTS
Invocation du Lama | Quiescence mentale
La semaine dernière, nous avons terminé la session par la strophe 42 dans laquelle Shantidéva déclare que bien qu'il ait eu peu de compréhension lorsqu'il s'est engagé dans le développement de la Bodhicitta, il n'abandonnera jamais de combattre ses émotions conflictuelles avec la plus grande diligence.
Chapitre Quatre : Strophe 43
Je m’éprendrai de cette tâche
Et avec rancœur livrerai combat :
Voilà qui ressemble à des émotions négatives
Mais n’en est pas, car cela les détruit.
Il décide donc de vaincre ses ennemis, les souillures, au moyen de remèdes auxquels il s'est habitué. Cela deviendra sa passion dévorante ! Les souillures lui sont nuisibles depuis un temps sans commencement. Il est donc rempli de rancœur envers elles, et il mènera une guerre dans laquelle des antidotes lutteront contre les souillures. Car les souillures doivent être abandonnées.
On pourrait soutenir que la passion et la rancœur sont elles-mêmes des types d'attachement et d'aversion, et qu'elles doivent par conséquent être rejetées.
Mais de telles souillures, à savoir la passion pour les antidotes et la rancœur contre les souillures, sont, dans les premiers stades, des moyens par lesquels les émotions négatives doivent être détruites.
C'est pourquoi, pour l'instant, elles ne doivent pas être considérées comme des choses à rejeter. Elles ne doivent pas être reniées. Elles constituent tout de même des obscurcissements cognitifs et à un moment donné devront elles aussi être abandonnées.
Chapitre Quatre : Strophe 44
Faites-moi périr par le feu
Ou coupez-moi la tête :
Jamais je ne m’inclinerai
Devant mes ennemis, les émotions négatives !
Dès le début, nous devrions imiter l'attitude de Shantidéva.
Il vaudrait mieux périr dans le feu, dit-il ; il vaudrait mieux que sa tête soit coupée et tombe à terre, ou qu'une autre chose de terrible lui arrive, que de se rendre jamais à ses ennemis mortels, à ses émotions souillées, et qu'il serve et rampe avant eux.
C'est le genre de promesse que nous devrions faire sans cesse.
Chapitre Quatre : Strophe 45
L’ennemi ordinaire chassé d’un pays
Peut trouver asile à l’étranger, rassembler ses forces
Et se refaire avant de revenir,
Mais ce n’est pas le cas de mes ennemis, les émotions négatives.
Lorsque les forces ennemies, au sens ordinaire du terme, sont chassées de force de l'État, elles se retirent et se basent dans d'autres pays, où elles regroupent leurs forces, rassemblant de nombreuses bandes de brigands et de voleurs - pour mieux revenir et semer la pagaille par des représailles.
Mais les émotions négatives ne sont pas comme des ennemis ordinaires. Une fois qu'elles ont été chassées par les réalisations acquises sur le noble chemin, elles ne peuvent jamais revenir.
Chapitre Quatre : Strophe 46
Misérables émotions que chasse l’œil de la Connaissance !
Où irez-vous quand vous aurez quitté mon esprit ?
D’où reviendrez-vous pour me nuire ?
Je ne suis qu’un sot qui ne fait pas d’efforts !
Comment alors les rejeter ? Si examinées, les souillures telles que le désir sont facilement supprimées. Car lorsqu'elles sont scrutées par les yeux de la sagesse qui comprennent leur absence d'existence inhérente, ces mêmes souillures, qualifiées avec mépris de « misérables » en référence à leur bassesse, sont dispersées comme des ténèbres au lever du soleil.
Où s’enfuiront-elles se demande Shantidéva maintenant qu'elles sont chassées de son esprit ? Elles n'ont nulle part où aller. D'où reviendront-elles, leurs forces retrouvées, pour lancer de nouvelles attaques contre lui ?
Le fait est qu'auparavant, lorsque sa compréhension était faible, il n'avait fait aucun effort pour les éradiquer. Si seulement il avait eu la sagesse et la persévérance, la souillure émotionnelle aurait été beaucoup plus facile à éliminer que les autres ennemis.
Chapitre Quatre : Strophe 47
Les émotions négatives ne se trouvent pas dans les objets, ni dans les sens, ni dans les consciences, ni entre les deux, ni nulle part ailleurs, où sont-elles donc
Pour nuire à tous les êtres ?
Elles sont illusoires : chassant toute crainte de mon esprit, je me dévouerai résolument à me battre pour la sagesse.
Pourquoi me suis-je torturé sans raison dans les enfers ou ailleurs ?
C'est ainsi que nous devrions scruter la nature des afflictions avec les yeux de la sagesse. Lorsque l'attachement ou la haine surgit dans notre esprit, il ne faut pas nous laisser dominer par cela, mais nous devons l'examiner de la manière suivante :
Les souillures de l'avidité et de l'aversion ne se trouvent pas dans des objets extérieurs à nous, que ce soit chez nos ennemis ou nos amis. Nous le savons parce que les souillures surviennent encore même lorsque les objets externes sont absents. De plus, si elles étaient basées en de tels objets, il s'ensuivrait que lorsque d'autres personnes rencontrent nos ennemis et amis, elles ressentiraient l'aversion et l'attirance de la même manière que nous, mais ce n'est pas le cas.
Par conséquent, les souillures ne résident pas dans les objets extérieurs. Mais elles ne subsistent pas non plus dans la conjonction des organes des sens et de la conscience. Car même lorsque le pouvoir des sens et la conscience se rencontrent, les souillures ne surviennent pas automatiquement. Si les souillures étaient intrinsèques à de telles conjonctions, cela signifierait que chaque fois que nous voyons ou entendons quelque chose, on ressentirait de l'attachement ou de l'aversion, alors que cela ne se produit pas.
Les souillures ne peuvent pas non plus exister d'une manière ou d'une autre dans l'interstice entre l'objet et la conscience, car l'espace est vide. Par conséquent, de telles souillures n'ont aucun lieu ou demeurer. Et puisqu'elles ne peuvent demeurer ailleurs, que ce soit dans les êtres ou dans l'univers extérieur qui les contient, on peut bien se demander où elles sont - ces mêmes souillures qui ont été nos ennemis depuis des temps sans commencement !
Comment se fait-il qu'elles fassent nuisent autant, à nous et à d'autres êtres, dans cette vie et dans les vies futures ?
L'analyse révèle que les souillures apparaissent et pourtant manquent de réalité inhérente. Ce sont comme des visions inconsistantes, des mirages de choses qui n'existent pas.
De telles illusions présentent trois propriétés :
- elles apparaissent lorsque certaines conditions se présentent,
- elles sont perçues par l'esprit, et
- elles sont sans être intrinsèques.
Les souillures surviennent grâce aux causes circonstancielles fournies par les ennemis et les amis ; elles apparaissent à notre esprit, et pourtant elles manquent d'existence inhérente. Nous devrions être réconfortés de ce fait et ne pas nous laisser alarmer à l'idée que nous ne pouvons pas nous en débarrasser.
Nous ne devrions pas suivre les objets des sens comme les chiens qui courent après des pierres. Au lieu de cela, nous devrions être comme des lions. Quelles que soient les pensées souillées de désir ou d'aversion surgissant dans l'esprit, nous devrions les reconnaître pour ce qu'elles sont, dans leur nudité.
Premièrement, nous devrions chercher d'où elles viennent, ensuite nous devrions chercher où ils habitent dans le moment présent, et enfin nous devrions chercher où ils vont. Si nous faisons cela, si nous nous efforçons de voir, au moyen de cette technique, que les souillures sont sans existence inhérente, il sera facile de les rejeter, car elles sont sans être intrinsèque.
Il est dit dans le Ratnakuta :
"Dans les temps futurs, ô Kashyapa, il y aura des moines vaniteux qui seront comme des chiens courant après des pierres. Excité par le jet d'une pierre, un chien la poursuivra ; il ne chassera pas la personne qui l'a lancé.
De la même manière, ô Kashyapa, certains moines et pratiquants feront une distinction persistante entre les formes, les sons, les odeurs, les goûts et les textures. Ils comprendront que ceux-ci sont impermanents, trompeurs et sujets à la destruction, mais ils ne sauront pas d'où ils proviennent.
Par conséquent, quand ils iront dans les villages, les villes, les provinces et les palais royaux, ils seront blessés par les formes, les sons, les odeurs, les goûts et les textures. Même s'ils restent et meurent dans la solitude, puisqu'ils obéissent à des préceptes limités au monde (*), ils renaîtront dans les destinées supérieures et continueront à être lésés par les objets des cinq sens.
Et quand leurs esprits quitteront cet état à la mort, ils ne trouveront pas la liberté des destins maléfiques. Et quels sont ces destins maléfiques ? Ce sont les royaumes infernaux, les états des animaux, le monde du Seigneur de la Mort (**), et celui des asuras. C'est ainsi que ces moines sont comme des chiens courant après les pierres.
(*) abandonner les dix actions négatives et pratiquer les dix actions vertueuses
(**) Le royaume Preta
Dans les temps à venir, cependant, ô Kashyapa, il y aura d'autres moines-yogis qui ne seront pas comme des chiens courant après les pierres. Si vous jetez une pierre à un lion, il saura d'où vient la pierre. Il chassera non pas la pierre mais celui qui l'a lancée, de sorte qu'il ne sera plus lancé de pierres !
De la même manière, lorsque les moines qui pratiquent le yoga voient les objets extérieurs des sens, ils savent que ces derniers prennent leur origine dans le mental. Et après avoir examiné le mental, ils savent qu'il n'existe pas vraiment, et ainsi ils sont libres."
Chapitre Quatre : Strophe 48
Au terme de ces réflexions, je mettrai tout en œuvre
Pour appliquer les préceptes tels qu’ils sont enseignés,
Comment le remède pourrait-il guérir
Sans que le malade suive les conseils du médecin ?
Dans l'esprit de ce qui a été discuté ci-dessus, Shantidéva décide de bien réfléchir aux instructions sur la prudence telles qu'énoncées dans les Écritures et les commentaires. Il décide de s'efforcer de les appliquer dans la pratique des trois entraînements supérieurs de la voie supérieure : la discipline éthique, la concentration et la sagesse.
Il est dit métaphoriquement que le Bouddha doit être considéré comme un médecin et le Dharma sacré, dans ses aspects d'étude, de réflexion et de méditation, doit être considéré comme un médicament.
L'entraînement principal à la discipline revient à suivre un régime spécial et à se comporter de façon appropriée en cas de maladie. Les émotions négatives d'attachement et d'aversion sont comme des maladies, alors que nous-mêmes sommes comme des malades.
Si nous ne parvenons pas à observer la discipline, si nous ne mettons pas en œuvre ce qui doit être fait et n'évitons pas ce qui doit être évité, le Dharma ne nous fera aucun bien. Nous sommes comme des gens qui ignorent les conseils d'un médecin savant qui nous dit comment nous devons manger et agir : faites ceci et évitez cela.
Comment pouvons-nous nous attendre à être guéris des maladies de la chaleur et du froid et ainsi de suite, même lorsque nous prenons réellement le bon médicament contre de telles maladies ? C'est impossible. En revanche, si nous observons correctement les conseils du médecin et, en plus, prenons un médicament adapté, notre maladie sera guérie.
De la même manière, si nous pratiquons le Dharma avec effort, en nous entraînant à la discipline, nous serons libérés de toute souffrance et atteindrons une grande félicité. Par conséquent, nous devons nous efforcer de nous entraîner à la prudence.
Comme il est dit dans le Suhrillekha :
La prudence apporte la vie, a dit le Sage,
Et l'insouciance est la mort.
Par conséquent, pour augmenter votre vertu,
Avec dévotion, pratiquez toujours la prudence.
Nous nous arrêterons ici pour aujourd'hui. Je vous invite à me soumettre par courrier électronique toutes vos questions sur ce chapitre afin d'y répondre avant d'entamer l'étude du chapitre cinq composé de 109 strophes consacrées au thème de la « Vigilance ».
Je vous invite à demeurer dans la paix mentale avant de dédier le mérite de cette session au profit de tous.

