Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin

Session 51 - Samedi 27 août 2022

Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS 

Invocation du Lama 

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Tashi Deleg ! Bienvenue à tous et à toutes alors que nous nous retrouvons pour continuer notre étude de groupe du Bodhicaryâvatâra.

Dans le Chapitre Six qui enseigne la pratique de la patience de manière approfondie, nous étudions comment « Cultiver la patience quand les gens font du bien à nos ennemis ».

Ce sujet couvre les strophes 76 à 86. Nous avons vu les 8 premières et abordons maintenant le sloka 84.

 

Strophe 84 :

Que celui-ci reçoive un présent de celui-là 

Ou que ce présent reste chez le donateur, 

Dans tous les cas, il ne sera pas à toi :

Qu’est-ce que cela peut te faire qu’il soit donné ou non ?

 

Shantideva fait ici allusion à l'attitude de certains pratiquants voire (comme Kunzang Palden y fait référence dans son commentaire) de jeunes lamas et tulkus qui, jaloux les uns des autres, trouvent intolérable que d'autres de leur rang soient honorés et servis. Lorsqu'ils se comportent ainsi, le ressentiment manifeste à la fois pour les bienfaiteurs et les bénéficiaires.

Ceci est inacceptable et ils devraient immédiatement contrecarrer leur attitude mentale en réfléchissant constamment au fait qu'un bienfaiteur fasse don d’un cheval, ou qu’il le garde pour lui, et que le cheval reste dans son écurie, en aucun cas ce cheval ne reviendra à celui qui le convoite. Que le bienfaiteur donne ou ne donne pas son cheval à son rival, comment cela peut-il préoccuper le lama ?

A quoi bon souhaiter avec envie que le cheval ne soit pas donné à son rival mais à lui ? Il devrait s'en réjouir ou du moins reposer son esprit dans un état d'indifférence à ce sujet.

 

Strophe 85 :

Pourquoi abandonner

Tes mérites, ta foi ou tes qualités ?

Pourquoi ne pas te mettre en colère

Contre celui à qui manque la cause de la richesse ?

 

Nous nous mettons en colère par jalousie lorsque les autres acquièrent des biens, et nous en souhaitons encore plus pour nous-mêmes. Mais il faut réfléchir au fait que la cause de la richesse des autres est leur mérite accumulé précédemment, leur dévotion actuelle au Dharma et aux enseignants, et leurs qualités d'apprentissage et de discipline.

C'est le genre de qualités que les bienfaiteurs apprécient chez ceux qu’ils parrainent.

  • Nous aussi pouvons accumuler du mérite en faisant des offrandes, en faisant l'aumône et ainsi de suite.
  • Nous aussi, nous pouvons inspirer une confiance claire aux autres par la force de notre foi dans les trois joyaux et en étant calme et discipliné grâce à la pratique de la pleine conscience, de l'examen attentif et de la vigilance.
  • Nous pouvons nous aussi posséder une pure observance de la discipline monastique.
  • Nous aussi pouvons développer la capacité de distinguer entre ce qui doit être fait et ce qui doit être évité à travers notre étude des enseignements.
  • Nous aussi pouvons adoucir nos cœurs avec compassion et bodhicitta et,
  • Nous aussi pouvons trouver une source de provisions sans effort en raison de toutes ces qualités.

Pourquoi, étant jaloux, trouvons-nous de telles causes de richesse si insupportables quand elles arrivent aux autres ? Pourquoi, par notre amertume, rejetons-nous ces mêmes causes si loin de nous ?

Au contraire, nous devrions les saisir à nous-mêmes. Ne pas se comporter à contrecœur. En effet, si nous voulons nous enrichir par tous les moyens, pourquoi ne nous fâchons-nous pas de ne pas nous saisir de telles causes ?

Car ils sont ce que les bienfaiteurs considèrent comme le plus digne et ce qui les inspire à faire des offrandes, fournissant ainsi la source d'une richesse abondante.

C'est notre propre jalousie que nous devons censurer. Nous devrions nous en vouloir et à personne d'autre.

 

Strophe 86 :

Non seulement tu n’es pas attristé 

Par le mal que tu as commis,

Mais tu voudrais, de plus, te mesurer 

À ceux qui ont produit des mérites ?

 

Nous pouvons vouloir prétendre que les personnes que nous envions nous étant pareils et égaux, si nous manquons de quelque chose, ils ne devraient pas l'avoir non plus ! 

Toutefois, la cause de notre pauvreté n'a rien à voir avec eux mais réside dans le fait que, par notre ignorance de ce qu'il faut faire et de ce qu'il faut éviter, nous avons commis dans le passé des actions mauvaises tel le vol.

De plus, sans repentance ni remords, nous sommes même arrogants au point de rivaliser avec ceux qui possèdent la connaissance d'une conduite correcte, d'une pure discipline et d'un grand mérite. Ce sont bien là les causes de leurs richesses.

Notre attitude est inacceptable ! Si nous ne pouvons pas nous empêcher de rivaliser avec les autres, alors observons la discipline, accumulons du mérite et apprenons les règles de bonne conduite.

Parmi les douze facteurs indésirables ainsi révélés, la manière de cultiver la patience à l'égard des causes de notre souffrance a été expliquée en détail sous trois rubriques :

  • La patience d'accepter la souffrance,
  • La patience face à la réalité ultime des choses et,
  • La patience de faire la lumière sur l'adversité.

La cultivation de la patience envers ceux qui nous traitent avec mépris, qui nous agressent verbalement ouvertement, ou qui ruinent notre réputation par des rumeurs malveillantes ; la patience envers ceux qui maltraitent nos proches, ainsi que la patience envers ceux qui font du bien à nos ennemis. Tout cela a été présenté très brièvement et mérite d'être mûrement réfléchi en analysant ces trois points.

Nous devons méditer sur ces sujets de manière à nous familiariser avec ceux-ci et devenir capable de les identifier lorsque nous faisons face à des situations similaires. Cela nous permettra de pouvoir garder une conduite pure et de progresser sur le chemin de la vertu.

Poursuivant notre lecture du Bodhicaryâvatâra, les trois slokas suivants abordent le sujet de la nécessité de « Cultiver la patience envers les obstacles qui empêchent que des choses désagréables n'arrivent à nos ennemis ».

 

Strophe 87 :

Si ton ennemi est malheureux, 

Quelle raison as-tu de te réjouir ? 

Tes mauvais souhaits, à eux seuls, 

Ne peuvent pas causer son infortune.

 

Nous sommes irrités par ce qui empêche ceux que nous n'aimons pas de souffrir et d'être méprisés par les autres. D'autre part, lorsque nos adversaires sont malheureux ou souffrent, lorsqu'ils sont affectés par un deuil ou une perte de bétail, ou lorsque leurs ennemis attaquent, nous devrions nous demander pourquoi cela devrait être une cause de réjouissance pour nous ? Nous n'en profitons en rien.

Et si, pensant que nous pourrions l'être, nous exprimons un tel souhait et disons combien nous aimerions que de telles choses arrivent à nos ennemis, de telles verbalisations ne peuvent leur causer le moindre mal, ni maintenant ni dans leur vie future. Un tel comportement est complètement futile !

 

Strophe 88 :

Ton souhait qu’il souffre se réaliserait-il, 

Quelle raison aurais-tu de t’en réjouir ?

Tu serais comblé, dis-tu :

Quel meilleur moyen, plutôt, de causer ta perte ?

 

Et même si nos désirs hostiles devaient occasionner du mal, encore une fois, quelle est la raison pour que nous nous réjouissions ? Nous pourrions nous dire que nous serions heureux si notre souhait était exaucé avant de mourir. Mais quel genre de bonheur cela pourrait-il être ?

En effet, pourrait-il y avoir quelque chose de plus ruineux dans la vie présente ou dans la vie à venir ? Non seulement notre malveillance ne fera rien pour ruiner nos ennemis, mais l'arme de notre mauvaise volonté se retournera contre nous, attirant toutes sortes de malheurs comme un aimant attirant le fer vers lui. Une telle attitude constitue la déchéance de l'abandon des êtres. Il s'ensuit que dans notre prochaine vie nous tomberons dans les enfers et devrons endurer de grandes souffrances.

 

Strophe 89 :

Les émotions négatives sont des pêcheurs 

Dont l’hameçon, insupportablement acéré, 

Assure à l’esprit qu’il attrape d’être mis à cuire 

Dans les chaudrons infernaux par les gardiens des enfers.

 

Tout comme lorsqu'un poisson est pris à l'hameçon par un pêcheur qui le fait frire dans sa poêle (le pêcheur étant ici l'émotion souillée qui lance l'hameçon, à savoir le vœu maléfique), nous aussi nous sommes pris à l'hameçon, insupportable et tranchant, et jetés dans les chaudrons de cuivre brûlants des enfers, sûrs d'être bouillis par les serviteurs du Seigneur de la Mort et de souffrir longtemps.

Arrêtons-nous ici aujourd'hui. Je vous invite à pratiquer la quiétude mentale quelques instants, avant de dédier le mérite de cette séance à l’éveil de tous. 

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