Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin

Session 52 - Samedi 29 octobre 2022

Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS

Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Tashi Deleg !

En raison de mon état de santé personnel, cet enseignement a été interrompu. Je vous adresse mes excuses pour cela. Je tiens à vous confirmer m’être bien remis de la microchirurgie pulmonaire subie cet été. A part quelques séquelles mineures, ma capacité respiratoire n’en est que peu diminuée. 

Je souhaite profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude à chacun(e) d’entre vous qui avez contribué d’une manière ou d’une autre à ce rétablissement.

Avant de reprendre notre étude du Bodhicaryâvatâra, rappelons-nous les principaux points discutés jusqu'à présent dans son sixième chapitre, une présentation détaillée de la pratique de la patience.

 

Pour rappel, au cours des 51 sessions que nous avons eues ensemble, nous avons terminé notre étude des points suivants :

1. La nécessité d’'éliminer la colère (versets 1 à 10)

2. Identifier l'objet de la patience (verset 11)

3. Cultiver la patience

1. Cultiver la patience de ce que nous ne voulons pas

2. Cultiver la patience de ce qui nous fait souffrir

  • La patience d'accepter la souffrance (versets 12-21)
  • La Patience qui consiste en certitude concernant la réalité ultime des choses (versets 22 à 33)
  • La patience de faire la lumière sur ce qui cause du mal (versets 34–51)

3. Cultiver la patience envers ceux qui nous traitent avec mépris (versets 52–63)

4. Cultiver la patience envers ceux qui maltraitent nos proches (versets 64–75)

5. Cultiver la patience lorsque les gens font du bien à nos ennemis (versets 76–86)

6. Cultiver la patience des obstacles qui nous empêchent d'obtenir ce que nous voulons

7. Cultiver la patience des obstacles qui empêchent les choses désagréables d'arriver nos ennemis (versets 87–89)

 

Le sujet suivant et le dernier abordé par Shantideva dans sa présentation de la pratique de la patience à ses niveaux avancés, est :

« Cultiver la patience envers ceux qui entravent ce que nous et nos amis désirons ».

Ce sujet est traité tout au long des strophes 90 à 111 dont nous étudierons aujourd'hui les 11 premières. 

 

Strophe 90 :

Louange et célébrité sont des honneurs 

Qui n’apportent ni mérites ni longue vie ; 

Elles n’assurent ni la force ni la santé 

Et ne procurent aucun bien-être physique.

 

Il est inapproprié d'être ennuyé par ceux qui dressent des obstacles dans notre façon d'acquérir les honneurs et la reconnaissance dans un sens mondain.

Si vous y réfléchissez, n'est-ce pas que toutes les marques de révérence, de louange et de renommée qui nous sont témoignées par les autres ne peuvent affecter positivement le mérite dont nous bénéficierons dans nos vies futures.

De même dans cette vie, cela augmentera-t-il notre durée de vie ? Elle ne nous apportera ni santé, ni force ni quoi que ce soit pour le corps : pas de nourriture pour calmer notre faim, pas de boisson pour étancher notre soif.

 

Strophe 91 :

Quel intérêt y trouve 

Celui qui connaît vraiment son intérêt ? 

Autant s’adonner à l’alcool et au jeu 

Si l’on ne cherche que le plaisir de l’esprit.

 

Si nous sommes assez intelligents pour savoir ce qui nous bénéfice et comment l'obtenir, nous nous demanderons ce qu'il y a de bon dans des choses telles que la louange et la renommée. La réponse est qu'il n'y en a pas !

On pourrait dire que bien qu'ils ne beneficient pas au corps, ils sont bons pour l'esprit en ce sens qu'ils nous rendent heureux. C'est pourquoi de telles choses sont agréables.

Mais si on ne veut que du plaisir, autant chercher la coquetterie et s'adonner au jeu, à la drogue et aux relations sexuelles.

 

Strophe 92 :

Si, pour devenir célèbre, 

On se ruine ou se fait tuer, 

À quoi serviront les mots, 

Et pour la joie de qui, lorsqu’on ne sera plus ?

 

Les actions des personnes ignorantes sont complètement vaines. Dans leurs tentatives de s'assurer une réputation de magnanimité et de remporter la victoire sur chaque revendication, ils gaspillent tout ce qu'ils ont. 

Pour se faire une renommée de courage, ils partent en guerre et risquent leur vie.

Mais quand viendra la mort, à quoi servent des mots aussi plaisants que « Il a gagné ; c'est un héros" ? Qui saura-t-il en profiter et s'y complaire ? Personne !

 

Strophe 93 :

Les enfants pleurent de désespoir 

Quand leur château de sable s’écroule. 

Ainsi de notre esprit, quand tarissent 

L’éloge et la célébrité.

 

Par exemple, les enfants s'amusent à construire des châteaux de sable. Mais plus tard, quand il s'effondre, ces enfants idiots et ignorants fondent en larmes et pleurent le cœur brisé.

C'est pareil pour nous ! Lorsque notre renommée et notre bonne réputation sont offensées et s’effritent, nous sommes malheureux et nous souffrons. Nos esprits sont aussi leurrés que ceux de ces enfants insensés.

 

Strophe 94 :

– D’abord, le son est inconscient : 

Il ne peut vouloir faire ton éloge.

– Mais les gens proclament ainsi que nous leur plaisons, 

Et c’est sûrement cela qui provoque ma joie.

 

On peut se demander si la joie que nous avons d'être loué vient du plaisir pris dans les paroles de louange ou vient-elle de l'état d'esprit de la personne qui nous loue ?

Bien sûr, les paroles éphémères prononcées par une autre personne, étant dépourvues d'intellect, ne peuvent prétendre nous louer ! Cela n'a donc pas de sens de s'en réjouir.

Par conséquent, nous disons que ce qui nous rend heureux est la joie éprouvée par les autres lorsqu'ils nous louent. N'est-ce pas bien cela qui fait notre bonheur ?

 

Strophe 95 :

Causée par moi ou par autrui, 

À quoi me sert la joie des autres ?

Leur plaisir et leur joie leur appartiennent 

Et je n’y ai point de part.

 

Quoi qu’il en soit, de toute façon, la véritable question est de savoir que ce dont nous profitons, est le plaisir que d’aucuns prennent à faire notre éloge ou celui de nos proches. 

Cela ne peut nous être d'aucune utilité. Car leur plaisir n'appartient qu'à eux et à eux seuls. Nous ne pouvons même pas en expérimenter une partie.

 

Strophe 96 :

Si leur bonheur était le mien, 

Je devrais me réjouir du bonheur de tous. 

Alors comment se fait-il que je n’aime pas 

Qu’on en aime d’autres que moi ?

 

On pourrait dire que lorsqu'une mère est heureuse, son enfant est également heureux.

De la même manière, quand ceux qui nous louent sont heureux, nous sommes heureux aussi.

Mais pour nous qui pratiquons la voie du Bodhisattva, le bonheur de tout être doit être une cause de grande joie.

Pourquoi donc, lorsque les louanges sont dirigées vers ceux que nous n'aimons pas, leur procurant du plaisir, nos esprits jaloux se sentent malheureux ? Il y a quelque chose qui ne va pas ici; les deux attitudes sont en contradiction.

 

Strophe 97 :

La satisfaction que l’on éprouve 

À être un objet de louange 

Ne peut donc pas se justifier :

Ce n’est qu’un comportement puéril.

 

Lorsque nous cherchons à voir si la satisfaction que nous ressentons en réalisant que nous sommes loués et que les autres disent du bien de nous est causée par les mots prononcés ou par l'état d'esprit de ceux qui font notre éloge, dans les deux cas, notre plaisir se révèle complètement inutile.

Fonctionner de la sorte est donc dénué de bon sens et s'apparente à la sottise des enfants qui se réjouissent de leurs châteaux de sable ; et pourtant y sont attachés.

 

Strophe 98 :

Les louanges et le reste nous distraient 

En réduisant notre lassitude à néant.

Ils nous rendent jaloux de ceux qui ont des qualités 

Et consument en nous toute excellence.

 

Il est dit aussi que le Samadhi ou la concentration habite les esprits fatigués du samsara. Mais si nos esprits ne sont pas fatigués, -inutile de parler de concentration-, nous n'accomplirons même pas les vertus du corps et de la parole. 

Si nous possédons quelques qualités dignes d'appréciation, notre envie de ceux qui sont loués pour leur excellence augmente et nous sommes irrités et affligés par la valeur des autres. C'est ainsi que l'excellence de cette vie et des vies futures est complètement détruite. Nous aussi avons ce genre de souillure.

 

Strophe 99 :

Alors, ceux qui nous accompagnent 

Pour détruire notre réputation 

Ne sont-ils pas là pour nous empêcher 

De tomber dans les mauvaises destinées ?

 

Par conséquent, toutes ces personnes désagréables qui restent à proximité pour invalider toute louange qui nous est donnée - avec toute la vénération, la bonne réputation et la prospérité - sont sûrement là pour nous empêcher de tomber dans les enfers ou les autres royaumes de la douleur.

Car la louange est bien quelque chose à laquelle on s'attache. Plutôt que d'être en colère contre de telles personnes, nous devrions leur être reconnaissants pour leur gentillesse et le bien qu'ils nous font.

 

Strophe 100 :

Moi qui recherche la libération, 

Je n’ai pas besoin des chaînes du gain et des honneurs. 

Comment pourrais-je m’emporter 

Contre ceux qui m’en libèrent ?

 

Shantideva nous rappelle que nous nous efforçons d'obtenir la libération de la prison du samsara où nous sommes liés par les émotions conflictuelles. Nous n'avons évidemment pas besoin de tous les éloges, gains et traitements révérencieux qui nous emprisonnent de plus en plus dans cet état de servitude, pas plus qu'un prisonnier enchaîné n'a besoin de menottes supplémentaires.

Comment pouvons-nous avoir du ressentiment envers ceux qui s'efforcent de nous libérer des liens du respect et de la richesse, les liens mêmes du samsara ? Cela n'a aucun sens !

 

Strophe 101 :

Je veux me jeter dans la souffrance, 

Et eux, telle une bénédiction des Bouddhas, 

Deviennent la porte qui m’en ferme l’accès : 

Comment pourrais-je m’irriter contre eux ?

 

Ouvrir la porte à la richesse et aux honneurs et s'y accrocher est un présage annonçant une descente dans les royaumes inférieurs. 

Étant déterminés à plonger tête baissée dans le chagrin des états d’égarement, Shantideva nous rappelle que ceux qui nous empêchent d'acquérir gloire et fortune bloquent la voie vers un tel destin.

Ils sont comme la bénédiction même du Bouddha. Comment pouvons-nous être en colère contre eux, vu le bénéfice qu'ils nous apportent ? Nous devrions plutôt être reconnaissants.

 

Nous nous arrêterons ici pour aujourd'hui. Pratiquons un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.

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