Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé par Vén. Lama Sangyay Tendzin

Session 53 - Samedi 5 novembre 2022

Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS

Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas et des détenteurs de Lignée.

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Tashi Deleg !

Continuant notre étude du Bodhicaryâvatâra par Shantideva, nous poursuivons la présentation du chapitre sur la Patience ; plus particulièrement nous sommes sur le point de conclure l’explication de comment

« Cultiver la patience avec ceux qui entravent ce que nous et nos amis désirons ».

Ce sujet est traité tout au long des strophes 90 à 111. Nous en abordons maintenant la strophe 102.

 

Strophe 102 :

« Untel fait obstacle à mes mérites ! »

Mauvaise excuse à la colère !

S’il n’est d’ascèse égale à la patience, 

N’est-ce pas celle que j’observerai ?

 

Nous ne devrions pas être irrités sous prétexte que quelqu'un(e) entrave notre pratique du Dharma en dérobant nos possessions, et représente de ce fait un obstacle à nos activités vertueuses telles que de contribuer à la création de représentations du corps, de la parole et de l'esprit des Bouddhas.

Il est également inconvenant de justifier notre colère, considérant qu'une telle personne nous empêche de faire des offrandes, distribuer des aumônes ou encore de pratiquer la méditation en retraite. 

Puisque la patience est une vertu suprême inégalée, comment ne pas s'y adonner ?

Dès lors que l’on recherche mérite ou vertu, il faut sans hésiter la cultiver.

 

Strophe 103 :

Si, par ma propre faute, 

Je ne supporte pas un tel être, 

C’est moi seul qui lui fais obstacle 

Au mérite dont la cause est si proche.

 

Alors que nous manifestons colère et jalousie, ce sont nos ennemis qui constituent les causes mêmes de notre patience, nous offrant l'occasion de recueillir mérite et vertus suprêmes.

Si nous manquons de faire preuve de retenue envers ceux qui nous font du mal en contrariant notre bien-être ou notre bonne réputation, nous ne pouvons que faire entrave à nous-mêmes.

 

Strophe 104 :

Ce sans quoi une chose n’existe pas 

Et dont la présence la fait surgir 

En est la cause :

Comment dire qu’elle en est l’obstacle ?

 

S'il n'y a pas d'agresseurs ou de malfaiteurs, la patience n’est pas cultivée. Elle n'apparaît qu'en présence de ceux qui nous agressent. Vu que c'est précisément un ennemi qui est la cause précise de notre pratique de la patience, comment peut-on dire qu’il soit un obstacle à notre mérite et à notre vertu ? 

Cela n'a pas de sens, car le premier est la cause du second. 

C'est l’absence de confrontation qui empêche la patience de se manifester.

 

Strophe 105 :

Le mendiant qui se présente au bon moment 

Ne fait pas obstacle à la générosité, 

Pas plus que celui qui confère l’ordination 

Ne peut être traité d’obstacle à celle-ci.

 

Si des mendiants arrivent pour demander l'aumône, ils facilitent en fait la pratique de la générosité. Puisqu'ils ne l'importunent pas le moins du monde, comment peuvent-ils être considérés comme la source d'entraves à la vertu?

De même, dit Kenchen Kunzang Palden, pour quelqu'un qui veut recevoir les vœux monastiques, il serait incongru de dire que les abbés et les moines font obstructions à l'ordination. Car ils constituent eux-mêmes les conditions justes pour recevoir les vœux.

 

Strophe 106 :

Dans le monde, les mendiants sont foule, 

Mais peu nombreux ceux qui vous nuisent. 

Car, si vous ne faites aucun mal à personne, 

Personne ne vous fera de mal.

 

En cette période actuelle de déclin et de dégénérescence du Kaliyuga, les pauvres -qui soutiennent notre générosité- se trouvent partout. En revanche, les abbés et les moines qui confèrent l'ordination sont peu nombreux. Et encore plus rares sont ceux qui défient notre patience.

La raison en est que les bodhisattvas ne blessent pas les êtres de la moindre manière, mais les aident seulement. Par conséquent, ces derniers cessent d'être agressifs. Dès qu'ils rencontrent des bodhisattvas, les êtres malveillants deviennent aimants et respectueux. Leurs pensées et comportements violents disparaissent.

Par exemple, les cerfs et les chiens écoutaient le Dharma en présence du Vénérable Mila, et les loups et les moutons jouaient joyeusement ensemble devant Ngulchu Thogme Zangpo.

 

Strophe 107 :

Je me réjouis donc d’avoir un ennemi 

Pareil à un trésor que l’on trouve chez soi 

Sans faire le moindre effort,

Car il m’assiste dans la pratique de l’Éveil.

 

Les causes de pratiquer la patience, de cultiver la vertu, et de recueillir le mérite suprême qu'elle apporte, sont extrêmement rares.

Par conséquent, tout comme un indigent est submergé de joie en découvrant par hasard un trésor inépuisable de nourriture et de vêtements dans sa propre maison, de même, la meilleure des pratiques de bodhisattva -la joie-, doit être la seule réaction lorsque nous faisons la rencontre extrêmement rare d’un faiseur d'obstacles, notre précieux soutien pour la patience.

Nous devrions être comme Serkhangpa, le grand Lama qui révéla que son maître était Nyathubten, un voleur qui lui avait dérobé chacun de ses biens. Dès lors, Serkhangpa abandonna son rang monastique pour devenir un yogi libre de toute mondanité.

 

Strophe 108 :

Accomplis par lui autant que par moi,

Les fruits de la patience

Lui reviennent d’abord,

Car de ma patience il est la cause première

 

Si personne ne nous agace, la patience ne peut pas naître dans nos esprits. Par conséquent, nous avons engendré la patience grâce aux personnes qui nous font du mal et que nous n'aimons pas.

Il convient donc que nous leur en offrions les fruits puisqu'ils en ont été la cause.

 

Strophe 109 :

Mon ennemi ne mérite pas d’être honoré

Car son intention n’est pas de me rendre patient.

Alors, pourquoi honorer le Dharma 

Qui peut mener à l’accomplissement ?

 

Et si nous pensons que de telles offrandes ne sont pas dues à nos ennemis parce qu'ils n'ont jamais eu l'intention consciente d'engendrer la patience dans nos esprits, pourquoi, de ce fait, devrions-nous faire des offrandes au Dharma sacré comme étant la cause appropriée de l'accomplissement d'une grande vertu dans notre courant mental ?

Dans ce cas, nous ne devrions pas parce que le sublime Dharma n'a jamais consciemment l'intention de nous inciter à la vertu.

 

Strophe 110 :

Je n’honorerai pas cet ennemi 

Car il a l’intention de me nuire ?

Mais s’il faisait tout pour m’aider, comme un médecin, 

Comment pourrais-je réaliser la patience ?

 

On peut protester contre une telle conclusion en disant que le sublime Dharma est sans malveillance, alors que nos ennemis ont conspiré pour nous faire du mal et sont donc indignes de toute récompense.

Mais si nos ennemis étaient comme de bons médecins qui, sans malveillance, ne cherchent qu'à nous faire du bien et à nous rendre heureux, comment aurions-nous pu développer la patience ? Cela n'aurait pas été possible, car il n'y aurait pas eu d'agent pour cela.

 

Strophe 111 :

La patience naît donc 

Grâce à la haine profonde.

Celle-ci en est la cause

Et mérite d’être honorée comme le saint Dharma.

 

Par conséquent, toutes ces personnes désagréables qui restent à proximité pour invalider toutes louanges qui nous sont donnée – par la vénération, la bonne réputation et la prospérité - sont sûrement là pour nous empêcher de tomber dans les enfers ou les autres royaumes de la souffrance.

Car la louange est bien quelque chose à laquelle on s'attache. Plutôt que d'être en colère contre de telles personnes, nous devrions leur être reconnaissants pour leur gentillesse et le bien qu'ils nous font.

Faisant suite à ces multiples explications des différents aspects impliqués dans la pratique de la Patience, au niveau de la Prajñaparamita menant à l’éveil, Shantideva souligne qu'elle doit en outre induire la culture du "Respect des êtres".

Cela se fera à travers trois sous-thèmes, que nous étudierons au cours des trois prochaines sessions :

  • Pratiquer le respect des êtres, les considérant comme le champ du mérite (versets 112-118)
  • Pratiquer le respect des êtres avec le souhait de réjouir les Bouddhas (versets 119-127)
  • Pratiquer le respect des êtres, pensant aux conséquences du bien et du mal qu'on leur fait (versets 128-134)

 

Cela suffit pour aujourd'hui. Je vous invite à pratiquer un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.

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