Shantideva’s
Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Etude guidé par Vén. Lama Sangyay Tendzin
Session 54 - Samedi 12 novembre 2022
Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)
REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS
Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas et des détenteurs de Lignée.
Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta
Tashi Deleg !
Le chapitre Six du Bodhicaryâvatâra exposant la pratique de la Patience se conclut par la présentation de trois points complémentaires relatifs au respect d’autrui :
- La Pratique du Respect des êtres, les considérant comme le champ du mérite (versets 112-118)
- La Pratique du Respect des êtres, avec le souhait de réjouir les bouddhas (versets 119-127)
- La Pratique du Respect des êtres, pensant aux conséquences du bien et du mal qu'on leur fait (versets 128-134)
Aujourd'hui, nous abordons le premier de ces thèmes :
Pratiquer le respect des êtres, les considérer comme le champ du mérite (versets 112-118)
Strophe 112 :
Le sage a donc parlé du champ des êtres
Et du champ des bouddhas.
Nombre de ceux qu’ils ont réjouis
Ont atteint l’Ultime Perfection.
La semence de la bouddhéité telle que prononcée par le Bouddha consiste dans la perfection du double objectif : L'accumulation du mérite et celle de la sagesse. Celles-ci sont le résultat direct de la pratique de la vertu.
Parce que c'est en relation avec les êtres argumentatifs que nous acquérons la patience et les autres vertus, il s'ensuit que le terrain fertile dans lequel la vertu se perfectionne, consiste en des êtres et des bouddhas, les champs fertiles sur lesquels la moisson de la vertu s'obtient et peut se développer.
Cela a été déclaré par le Tathagata lui-même comme déclaré dans le Sutra de l'Aspiration Parfaitement Pure :
« Autrefois sur le champ des êtres et sur le champ des bouddhas je me basais.
C'est ainsi que j'ai récolté les qualités infinies de la bouddhéité. »
Ces deux « champs » sont spécifiés parce qu'au début, lorsque la Bodhichitta inspirée est cultivée pour la première fois, on se concentre sur les êtres par la compassion et sur les bouddhas parfaits ou la bouddhéité par la sagesse.
Les pratiques de bodhisattva telles que les quatre contemplations incommensurables et les six paramitas sont basées principalement sur les êtres, tandis que les pratiques comme la prise de refuge sont basées sur les bouddhas.
Lorsque l'on manifeste la bouddhéité parfaite, il reste l'engagement d'amener chaque être vivant au même niveau. Puisque le sens des Écritures doit être étayé par le raisonnement, un argument est fourni concernant cette question.
Cela consiste à souligner qu'en rendant les êtres heureux par leur pratique de l'amour et de la compassion et en réjouissant le cœur des bouddhas, de nombreux êtres saints ont parfaitement assuré leur propre bénéfice et celui des autres ; en d'autres termes, ils ont atteint la bouddhéité.
Strophe 113 :
Le Dharma du bouddha s’accomplit
Tant à partir des êtres ordinaires que des vainqueurs :
Quel est donc cet usage de ne pas respecter
Les êtres tout autant que les vainqueurs ?
Par conséquent, pour réaliser dans notre esprit les qualités de l'éveil parfait, telles que les dix forces (*) et les quatre types d'intrépidité (**), nous dépendons également des êtres et des bouddhas.
Quelle sorte de pratique est-ce alors de servir et de respecter uniquement les bouddhas et non les êtres ?
(*) Les dix pouvoirs sont :
(1) le pouvoir de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.
(2) le pouvoir de connaître la causalité karmique à l'œuvre dans la vie de tous les êtres à travers le passé, le présent et le futur.
(3) le pouvoir de connaître toutes les étapes de la concentration, de l'émancipation et de la méditation.
(4) le pouvoir de connaître les conditions de vie de chacun.
(5) le pouvoir de juger le niveau de compréhension de toutes les personnes.
(6) le pouvoir de discerner la supériorité ou l'infériorité de la capacité de toutes les personnes.
(7) le pouvoir de connaître les effets des actions de toutes les personnes.
(8) le pouvoir de se souvenir des vies passées.
(9) le pouvoir de savoir quand chaque personne naîtra et mourra, et dans quel domaine cette personne renaîtra.
(10) le pouvoir d'éradiquer toutes les illusions.
(**) Les quatre types d'intrépidité d'un bouddha sont :
(1) l'intrépidité de se déclarer éveillé à la vérité de tous les phénomènes,
(2) l'intrépidité de proclamer avoir éteint tous les désirs et toutes les illusions,
(3) l'intrépidité de proclamer avoir élucidé les obstacles à la pratique et à l'illumination bouddhiques, et
(4) l'intrépidité de déclarer avoir clarifié la voie de la libération du monde de la souffrance, et donc la voie de l'émancipation.
Strophe 114 :
Ce n’est pas par les qualités de leur esprit qu’ils se valent
Mais par les faits qu’ils produisent ;
Sous ce rapport, les autres ont, eux aussi, des qualités,
En cela ils sont les égaux des bouddhas.
On peut objecter que les bouddhas et les êtres ne sont pas sur un pied d'égalité, puisque les premiers sont sans défaut et sont dotés de toutes les excellences, alors que les êtres possèdent de nombreux défauts.
Mais aucune affirmation n'est faite que les bouddhas et les êtres sensibles ne sont pas comparables par leurs qualités. Ils sont égaux dans le sens où c'est en fonction d'eux que nous acquérons les qualités de la bouddhéité.
L'excellence des êtres est comme celle des bouddhas en ce sens que c'est aussi grâce à eux que nous sommes capables d'engendrer l'état d'éveil. De ce point de vue, donc, êtres et bouddhas sont bien dits semblables ou égaux.
Strophe 115 :
L’hommage rendu aux bienveillants
Est la grandeur des êtres.
La foi dans les bouddhas apporte des mérites :
Qui sont d’infinis océans de qualités.
Considérons ceux dont l'esprit est absorbé par l'amour, l'essence du quatrième samadhi. Si nous faisons promptement une offrande à de tels pratiquants, lorsqu'ils se sont levés de leur méditation mais pas encore de leur siège, le résultat d'une telle action mûrira rapidement et sera expérimenté dans cette vie présente.
Cela révèle l'éminence des êtres vivants. En ayant leurs esprits aimants concentrés sur les êtres, ces méditants deviennent des objets périlleux. (*) Encore une fois, le mérite qui découle de la foi dans les bouddhas, l'offrande d'une seule fleur ou d'une seule goutte d'eau, le fait de ne lever qu'une seule main dans un geste d'hommage, etc., tout cela se transformera en vertu inépuisable tendre vers la libération. Et cela révèle l'éminence des bouddhas.
(*) Les bodhisattvas sont décrits comme « གཉན་པོ། - nyän po - périlleux » car les mauvaises actions faites à leur égard sont particulièrement pénibles, tandis que les bonnes choses qui leur sont faites sont très méritoires. Il est donc de la responsabilité de ceux qui sont devenus des bodhisattvas d'agir de manière à ce que les autres répondent positivement à leur égard et ne s'en offusquent pas.
གཉན་པོ། - nyän po est un mot tibétain qui signifie "tout ce qui s'impose avec une grande force, sévérité", quelque chose qui est très "sérieux" dans le sens de pesant, ne peut pas être pris à la légère, ayant un effet très fort.
Strophe 116 :
Les Bouddhas et les êtres sont égaux pour leur part
Dans l’accomplissement des attributs de la bouddhéité.
Mais rien ne peut égaler les bouddhas
Qui sont d’infinis océans de qualités
En bref, puisque c'est aussi à travers les êtres que nous pouvons atteindre les qualités résultantes de l'éveil, nous considérons que les bouddhas et les êtres sont égaux. Ils ne sont bien sûr pas égaux dans leurs qualités.
Les bouddhas possèdent en effet des océans d'excellence infinie tels que les dix forces (*), les quatre types d'intrépidité (*), les dix-huit qualités distinctives (**), etc., dont aucune qualité n'est présente chez les êtres.
(*) Voir commentaire de la strophe 114.
(**) Les dix-huit qualités non-partagées des bouddhas :
1. Leurs actions sont cohérentes.
2. Leurs discours n'est pas choquant.
3. Ils ne sont pas distraits.
4. Leur état de cessation n'est pas un état d'indifférence.
5. Leur perception n'est pas discursive.
6. Leur esprit est toujours calme.
7. Leur diligence ne faiblit jamais.
8. Leur mémoire ne faiblit jamais.
9. Leur effort ne faiblit jamais.
10. Leur absorption méditative ne diminue jamais.
11. Leur perspicacité ne faiblit jamais.
12. Leur libération ne faiblit jamais.
13. Leurs actions physiques sont guidées par la sagesse et sont en alignement avec la sagesse.
14. Leurs actions verbales sont guidées par la sagesse et sont en alignement avec la sagesse.
15. Leurs actions mentales sont guidées par la sagesse et sont en alignement avec la sagesse.
16. Leur vision de la sagesse n'est pas obstruée et n'est pas affectée par le passé.
17. Leur vision de la sagesse est dégagée et non affectée par l'avenir.
18. Leur vision de la sagesse n'est pas obstruée et n'est pas affectée par le présent.
Strophe 117 :
Que le moindre fragment d’un seul
De tous ces attributs suprêmes
Apparaisse chez quelques êtres :
Leur offrir les trois mondes serait encore bien un peu.
Les dix forces et autres qualités suprêmes de la bouddhéité sont uniques et incomparables.
Si la moindre part de ces qualités était présente chez les êtres ordinaires, alors même si les trois mondes remplis de toutes les richesses et les sept sortes de substances précieuses leur étaient données à eux seuls, l'offrande ne suffirait pas à les honorer.
Strophe 118 :
Or les autres ont en eux la part
Qui donne naissance aux attributs suprêmes d’un bouddha.
Par cette simple filiation,
Ils sont dignes d’être honorés.
Ainsi, bien que du point de vue de leurs qualités, les êtres et les bouddhas ne soient pas identiques, néanmoins, possédant la nature de bouddha, la potentialité d'obtenir l'état suprême de bouddhéité est également possédée par les êtres.
Et à cause de cette ressemblance, les êtres, autant que les bouddhas, sont les objets appropriés pour notre vénération. Ils constituent un domaine qui doit être chéri et respecté.
Arrêtons ici aujourd'hui.
Samedi prochain, nous étudierons le deuxième thème lié au respect des êtres :
La Pratique du Respect des êtres avec le souhait de réjouir les bouddhas (versets 119-127)
Je vous invite à pratiquer un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.

