Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé par Vén. Lama Sangyay Tendzin

Session 55 - Samedi 19 novembre 2022

Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS

Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas et des détenteurs de Lignée. 

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Tashi Deleg ! Nous avons étudié la semaine dernière le premier des trois sujets traitant de la pratique du respect des êtres. Aujourd'hui, nous abordons le deuxième de ces thèmes :

La Pratique du respect des êtres, avec le souhait de réjouir les Bouddhas (versets 119-127)

 

Strophe 119 :

Par ailleurs, comment rendre leur bonté 

À ces amis qui, sans duplicité, 

Nous font un bien inestimable, 

Sinon en apportant la joie aux êtres ?

 

Le Bouddha est le meilleur ami de chaque être errant dans le Samsara. Cela vaut aussi pour ses propres ennemis. Il est dit qu’il avait le même respect pour son cousin ennemi Devadatta que pour son propre fils Rahula.

Une telle gentillesse est la cause d'un mérite incommensurable que les Bouddhas et les Bodhisattvas nous dédient dans cette vie et dans nos vies futures. Comment pouvons-nous repayer le bonheur illimité qui en résulte, si ce n'est en bénéficiant les êtres.

Il n'y a pas d’autre moyen de compenser la gentillesse des Bouddhas envers nous. Nous devons exprimer notre reconnaissance en bénéficiant tous les êtres qui nous entourent et ainsi les honorer et leur montrer le respect.

 

Strophe 120 :

Puisqu’en aidant les autres nous rendons leur bonté

À ceux qui offrent leur corps et entrent dans les tourments insurpassables,

Agissons en pensant du bien de tous 

Même s’ils nous infligent les pires maux.

 

Lorsque le besoin s'en fait sentir, les Bouddhas et les Bodhisattvas sont même prêts à sacrifier leur corps et à plonger dans l'enfer des tourments insurpassables en veillant au bien-être et au bonheur des êtres.

Si nous vénérons et avons foi en eux, nous récompenserons leur gentillesse en bénéficiant les êtres à notre tour. 

Pour cette raison, nous ne devons penser qu'en bien et accepter même ceux qui entravent notre bonheur, tout comme les bons disciples ne voient que le bien dans tout ce que fait leur maître.

 

Strophe 121 :

Comment puis-je, moi l’ignorant, refuser par orgueil 

De me faire leur serviteur pour de bon, 

Alors que, en premier lieu, mes seigneurs et maîtres 

N’ont fait pour eux aucun cas de leur corps ?

 

Alors que Bouddhas et Bodhisattvas, les Maîtres qui nous enseignent, sont prêts à sacrifier leur propre corps pour le bien de tous, comment donc pouvons-nous, désespérés que nous sommes, incapables de faire la distinction entre le bien et le mal, comment pouvons-nous agir avec tant d’arrogance envers autrui? 

Nous devrions plutôt les servir avec respect. Comme de fidèles serviteurs, nous devons nous efforcer de tout faire pour leur porter bonheur.

 

Strophe 122 :

Le bonheur des êtres réjouit les sages ; 

Le mal fait aux êtres leur déplaît.

Plaire aux êtres, c’est plaire à tous les sages ; 

Leur nuire, c’est nuire à ces derniers.

 

Les êtres éveillés sont contents quand tous les êtres, qu'ils considèrent comme leurs propres enfants, sont heureux. Ils sont mécontents quand ceux-ci sont blessés.

Ainsi, faire du bien aux êtres et leur donner de la joie, plaît aux Bouddhas de la même façon que nuire à autrui les offensent au plus haut point.

 

Strophe 123 :

De même que, encerclé par les flammes, 

On ne peut jouir d’aucun plaisir, 

Les grands compatissants ne peuvent jamais se réjouir 

Quand aux êtres l’on fait du mal.

 

Shantideva prend l’exemple de quelqu'un dont tout le corps est en flammes. Même si tous les plaisirs sensuels lui étaient offerts à cet instant précis, une telle offrande le laisserait totalement indifférent. En fait, sa détresse n’en serait qu’aggravée.

Ainsi, même si nous faisons des offrandes aux Trois Joyaux, il n'est pas moyen de plaire aux Bouddhas et aux compatissants bodhisattvas tout en causant simultanément la douleur d’autrui.

Certains effectuent des rituels d'offrandes de viande et de sang et placent ces substances dans un mandala, prétendant faire de tels sacrifices pour invoquer la présence des Bouddhas et de Bodhisattvas.

C'est comme tuer l'enfant bien-aimé d'une femme et l'inviter à partager sa chair et son sang. Les divinités de la sagesse seront loin d'approcher.

Au lieu de cela, toutes les puissances des ténèbres, qui aspirent et se délectent de chair et de sang, s'approcheront d'eux et les dévoreront. Ceux qui pratiquent de telles ceremnies et les bienfaiteurs de tels rituels sont voués à leur propre destruction, maintenant et dans le futur.

 

Strophe 124 :

En nuisant aux êtres, j’ai donc offensé 

Tous les grands compatissants.

Leur confessant aujourd’hui chacune de ces fautes, 

Je les implore de me pardonner tout ce qui leur a déplu.

 

Tous les méfaits commis dans les pensées, les paroles et les actes accomplis depuis des temps sans commencement jusqu'à présent, aux êtres qui errent dans le samsara, sont une source de chagrin pour les Bouddhas compatissants et leurs descendants, les Bodhisattvas.

Par conséquent, en leur présence et avec d'amers remords, Shantideva confesse chacune de ses fautes sans en dissimuler la moindre d'entre elles. Il prend alors l'engagement de ne jamais les répéter à l'avenir, priant pour que les Bouddhas et les Bodhisattvas lui pardonnent tout ce qu'il a pu faire pour les déplaire et pour les affliger.

 

Strophe 125 :

Désormais, pour la joie des ainsi-allés, 

J’entrerai, pleinement maître de moi-même, au service du monde.

Que la foule me marche sur la tête ou cherche à me tuer :

Pour la joie des protecteurs du monde, je ne riposterai point.

 

Nous indiquant la voie, Shantideva s'engage solennellement à ce qu'à partir de ce jour, pour réjouir le cœur des Bouddhas et de leurs enfants, il vaincra toute sorte de malveillance qu'il pourrait ressentir envers les êtres, ainsi que l’orgueil qui les nourrit. Il s'engage à être le serviteur du monde entier.

Par conséquent, si les gens frappent la partie de son corps la plus haute, à savoir la tête, avec leurs membres inférieurs, leurs pieds ; qu'ils le coupent ou le tuent, il dit qu'il ne ripostera pas même s'il en est capable.

Il est résolu à tout accepter avec révérence. Et ainsi, il proclame : « Que les grands et compatissants Gardiens des Trois Mondes se réjouissent !»

 

Strophe 126 :

Ceux qui incarnent la grande compassion 

S’identifient indubitablement à tous ces êtres.

Pourquoi donc n’ai-je pas de respect pour ceux que je vois 

Comme des êtres ordinaires, alors qu’ils sont les mêmes que nos protecteurs ?

 

Il ne fait aucun doute que les Seigneurs de grande compassion considèrent sans exception tous les êtres errants comme eux-mêmes. C'est exactement comme lorsque le Bouddha prit pour lui le cygne qui avait été abattu par Devadatta. 

Il est enseigné que lorsque le Bouddha a engendré pour la première fois l'attitude de Bodhichitta, il a considéré tous les êtres en général comme ses pères et ses mères.

Plus précisément, il considérait tous ceux qui étaient plus âgés que lui comme ses parents, tous ceux qui avaient son âge comme ses frères et sœurs, et tous ceux qui étaient plus jeunes que lui comme ses fils et ses filles. C'est ainsi qu'il les prit tous pour lui.

En parcourant les Chemins de l'Accumulation et de l'Union, il les considérait comme lui-même à travers le processus d'égalisation et d'échange de soi et de l'autre ("Tonglen").

Lorsqu'il a atteint le Chemin de la Vision et de la réalisation de la réalité ultime où soi et l'autre sont identiques, il a revendiqué tous les êtres pour lui-même d'une manière dépourvue de toute forme de dualité.

Et quand, ayant éliminé les deux voiles et leurs tendances habituelles associées, il atteignit la bouddhéité alors que le dharmadhatu et la sagesse primordiale se mêlaient comme de l'eau avec de l'eau en un seul goût ("Ro-Nyom"), sans la moindre trace de phénomènes dualistes, - Bouddha et le Terres de Bouddhas sont appréhendés comme un tout unique.

Le corps, la parole et l'esprit éveillés du Bouddha embrassent tout l'espace, quelle que soit son étendue.

Il est écrit dans les Sutras :

Aussi loin que s'étende la sphère de l'espace, jusque-là, s’étend la sphère des êtres vivants.

Partout où s’abîme l'espace, se répand aussi le corps éveillé.

Partout où le corps éveillé apparaît, est aussi présent la parole éveillée.

Partout où la parole éveillée est présente, l'esprit éveillé est pleinement manifeste.

Comme le déclare le texte, les êtres sensibles habitent partout où l'espace se répand, et ils sont tous embrassés par le corps, la parole et l'esprit éveillés. Par conséquent, dès le début, les êtres ne sont jamais séparés de l'esprit éveillé.

Sachant cela, ces grands êtres qui ont atteint l'éveil prennent les êtres comme eux-mêmes. Car il n'y a pas la moindre différence entre ce qu'on appelle « bouddha » et ce qu'on appelle « êtres », en ce sens que tous sont dotés de la nature de bouddha. Puisqu'ils sont pénétrés par le satyagraha, ils sont bien les bouddhas du futur.

Comme le dit le sutra,

"Tous les êtres sont imprégnés par le sugatagarbha,

Pur et limpide, lumineux,

Sans trouble, sans mélange,

La nature des bouddhas, partis dans la béatitude,

Est présente dès le départ et se définit ainsi. "

Soutenant de tels passages avec des arguments raisonnés, Lord Maitreya a dit dans l'Uttaratantra-shastra :

Parce que le kaya du Bouddha parfait imprègne tout,

Et que l’ainsité est indifférenciée,

Parce qu'ils possèdent tous la lignée du Bouddha,

Tous les êtres ont toujours la nature de bouddha.

Puisqu'il est démontré à la fois par les Écritures et par le raisonnement que les êtres sont bien des bouddhas, comment est-il possible pour nous de ne pas les traiter avec respect ?

Autant que nous vénérons les bouddhas, nous devons également vénérer les êtres. Car la bouddhéité n'existe pas si les êtres sont abandonnés.

 

Strophe 127 :

Car c’est précisément cela qui réjouit les ainsi-allés, 

Cela qui accomplit parfaitement mon propre bien, 

Et cela encore qui dissipe la souffrance du monde : 

Je m’y emploierai donc sans cesse.

 

On dit qu'accomplir le bonheur des êtres est le meilleur moyen de réjouir le cœur des bouddhas. Et il est également enseigné que faire du bien aux êtres est en soi le moyen le plus élevé d'accomplir son propre bien et son bonheur. 

De plus, lorsque les êtres sont heureux, ils peuvent agir correctement. C'est donc le moyen suprême d'ôter les peines du monde. Rendre les êtres heureux doit donc être quelque chose que nous devons faire avec diligence, tout le temps.

Cela suffit pour aujourd’hui.

Samedi prochain, la session 56 abordera le troisième et dernier thème sur la pratique du respect des êtres :

« La Pratique du Respect des êtres pensant aux conséquences du bien et du mal qui leur sont faits ».

Ceci conclura l’étude du Chapitre 6 du Bodhicaryâvatâra sur la Pratique de la Patience.

Je vous invite à me communiquer dès maintenant les questions que votre étude n’aura pas élucidées. Nous y consacrerons deux sessions respectivement les 3 & 10 décembre.

 

Pratiquons un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette étude au bénéfice de tous.

Image

2darker banner footer 1142px v4