Shantideva’s 

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé par Vén. Lama Sangyay Tendzin

Session 65 – Samedi, 18 février 2023

Chapitre SEPT :  L’effort Joyeux - Le Support de la Pratique

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS

Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas et des détenteurs de Lignée.

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Dans la présentation par Shantideva du sujet "Mettre en place les conditions favorables à la diligence", nous étudions actuellement son explication détaillée sur la nécessité de se fonder sur la force d'aspiration.

Plus précisément, la strophe 42 nous rappelait que nos bonnes actions produiront leurs effets où que nous soyons. Dans l'histoire de Punyabala, s'installant dans la demeure d'un pauvre, son mérite lui fit découvrir un grand et inépuisable trésor qui avait été caché à cet endroit. Ceci s'applique également aux mauvaises actions et aux actions mixtes comme nous l'apprendrons dans les prochaines strophes.

 

Strophe 43 :

Si je veux le bonheur mais agis mal,

Où que j’aille, mes méfaits

Engendreront l’arme

De la souffrance qui me détruira.

 

Au contraire, si dans notre quête de satisfaction nous faisons le mal, alors peu importe où nous irons où que nous renaîtrons, le glaive tranchant de la misère, effets mûris des maux passés, nous abattra et nous détruira.

Il existe quatre combinaisons dans lesquelles l’impulsion et la complétion d’une action affectent le karma :

1. Lorsqu'une impulsion positive est menée à terme par une action positive, le résultat sera la naissance dans les destinées supérieures dans des conditions heureuses et confortables.

2. Lorsque l’impulsion et l’action d'accomplissement sont toutes deux négatives, elles donnent lieu à une renaissance dans les royaumes infernaux où la souffrance est la seule forme d'existence.

3. Lorsque l’impulsion est vertueuse (ce qui peut entrainer vers une renaissance dans les royaumes divins), mais est suivie d'une action d'accomplissement non vertueuse, on sera privé des avantages qui accompagnent normalement une telle renaissance et on en souffrira.

Par exemple, grâce à l'héritage ou au gain à la loterie, certaines personnes connaissent l'abondance. Néanmoins, la cause de cette richesse étant constituée d’actions mixtes, ces mêmes personnes subissent soudainement le malheur de perdre les avantages acquis et doivent même parfois endurer de misérables souffrances.

4. Lorsqu'une action impulsive négative s'accompagne d'une action d'accomplissement positive, le destin d'une personne est une renaissance inférieure laquelle connaîtra toutefois une bonne fortune, comme celle d'un animal domestique qui jouit d'une vie heureuse et chanceuse.

Une action impulsive non vertueuse peut entraîner les enfers éphémères. Mais si l'action d'achèvement est à la fois positive et négative, les êtres en question devront vivre une alternance correspondante de bonheur et de souffrance de jour comme de nuit dans les enfers éphémères.

Une telle situation est décrite dans l'histoire de Shrona (*).

(*) Cette histoire est rapportée en détail par Patrul Rinpoché dans sa description des souffrances dans les royaumes preta. (Voir Paroles de mon professeur parfait, p.79). Je vous recommande de lire ce texte dans ses différentes descriptions de domaines qui peuvent grandement améliorer la compassion que nous ne générons autrement que de manière limitée par la mentalisation.

De même, si, à cause d'une incitation positive, on naît sous une forme humaine, et que l’action d’accomplissement est complétée par des actions mixtes (à la fois positives et négatives), on subira une variété d'expériences de joie et de peine, telles rencontrées dans les étapes antérieures et ultérieures de la vie.

En bref, bien que l'on puisse être né dans un royaume fortuné, toutes les expériences de bonheur et de souffrance faites au cours de sa vie sont les effets d'actes vertueux et non vertueux ; il en va de même pour le bonheur et la souffrance de ceux qui sont nés dans les royaumes inférieurs. Les effets de nos actions doivent tous être ressentis ; ils ne s'estompent pas et ne disparaissent pas.

Avec une telle compréhension de la loi des causes et des effets du karma, nous pouvons comprendre l’impératif de développer notre force de motivation.

 

Strophe 44 :

Assis dans la fragrante fraîcheur d’une fleur de lotus immense,

Mon rayonnement sustenté par les douces paroles du Vainqueur,

Doté d’un corps parfait jailli d’un lotus épanoui à la lumière du Sage,

Être un enfant des ainsi-allés en présence du Vainqueur : voilà ce qu’engendre le bien.

 

Le résultat d'une action exclusivement positive, non ternie par des négativités même légères, aboutira à la naissance dans les terres pures telles que Sukhavati. En de tels lieux, le mode de renaissance est de loin supérieur à celui d’être expulsé d'un utérus chaud, étroit et fétide.

Car dans les terres pures, on se retrouve dans la béatitude au cœur d'une fleur de lotus multicolore, spacieuse, parfumée et fraîche au toucher. Toute la splendeur de son corps et de ses sens grandira et arrivera à maturité, nourrie par le nectar du Dharma exprimé par la douce voix du Bouddha.

De plus, la manière de naître à Sukhavati est de loin supérieure au genre d'accouchement que nous connaissons dans le royaume humain, qui, en raison de l'étroitesse du canal vaginal, est aussi douloureux que d'être traîné à travers un trou de serrure en fer.

Les rayons émanant du Bouddha provoqueront l'ouverture des pétales de lotus, et l'on émergera miraculeusement de la fleur pleinement épanouie, équipé d'un beau corps doté des marques majeures et mineures de la bouddhéité.

Par la suite, on vivra en présence du Bouddha Amitabha et d'autres êtres éveillés. C'est un habitat bien supérieur aux grossières demeures des êtres ordinaires. Et nourri par le Dharma, on deviendra un enfant fortuné du Sugata. Tout cela sera l’aboutissement d'une parfaite vertu.

 

Strophe 45 :

Les acolytes de Yama me tortureront en m’écorchant des pieds à la tête

Et m’arroseront de cuivre fondu à la chaleur d’un feu dévorant.

Ils me frapperont de leurs épées, de leurs lances embrasées, et ma chair volera en centaines de morceaux

Sur le sol de métal incandescent : tels seront les effets de mes nombreux actes négatifs.

 

D'autre part, le résultat d'une mauvaise action accomplie sans le moindre remords, sera la dévastation par la souffrance.

La peau du corps sensible et tendre, écorchée par les couteaux féroces des créatures du Seigneur de la Mort, alors qui nous immergent dans du bronze liquide fondu aussi redoutable que l'incendie de la fin des temps.

Transpercée par des épées et des couteaux brûlants, la chair démembrée en cent morceaux qui tomberont sur le sol de fer chauffé à blanc. Une telle expérience de terribles souffrances sans fin est due au karma négatif.

Ceci complète l'explication de la force d'Aspiration, la racine des quatre forces d'un Bodhisattva pour l’inciter à la diligence.

Shantideva nous enseigne ensuite la deuxième de ces quatre forces, celle de la ténacité.

Il nous en fera une brève présentation dans les quatre strophes suivantes puis nous fournira des explications détaillées tout au long des strophes 50 à 62.

 

Strophe 46 :

En conséquence, j’aspirerai au bien

Et le cultiverai avec respect.

Je cultiverai la fierté selon la méthode

Du « Soûtra de Bannière de Diamant ».

 

Par conséquent, c'est en ayant confiance dans le principe de cause et effet karmique que nous abandonnerons les actions négatives et aspirerons et tendrons exclusivement à la vertu au moyen d'un intérêt vif et concentré. Nous devons nous imprégner de cette compréhension du principe d'adopter et de rejeter.

Dans le sixième chapitre de l'Avatamsaka, nous trouvons le texte suivant :

« Deva Putra, quand le soleil se lève, il n'est pas dérangé par le fait que certains hommes sont aveugles ni par les ombres des montagnes qu'il est incapable de dissiper. Non, il éclaire tout ce qui peut être éclairé.

De la même manière, lorsque des bodhisattvas apparaissent pour le bien des êtres, ils ne sont pas consternés par le fait que certains sont sauvages et hostiles. Ils font mûrir et libèrent tous ceux qui sont capables de libération ».

C'est donc avec ce genre de courage, qu'il faut cultiver une confiance et une détermination solides, en se disant qu'on va mener à bien toute action positive que l'on a commencée pour le bien des autres.

Dans les strophes 47 à 49, Shantideva nous donne une présentation générale du sujet.

 

Strophe 47 :

En premier lieu, j’évaluerai mes richesses

Et déciderai de m’engager ou pas,

Car mieux vaut ne rien entreprendre

Que rebrousser chemin par la suite,

 

Premièrement, comme le dit Shantideva, nous devons évaluer nos ressources tant spirituelles que temporelles et nous engager dans l’action ou nous en abstenir selon notre aptitude à l’accomplir.

Car si nous n'en sommes pas capables, mieux vaut ne pas commencer du tout. Une fois que nous avons commencé, cependant, nous ne devons jamais revenir sur ce que nous avons promis.

 

Strophe 48 :

Et puis, dans d’autres vies, cela deviendrait une habitude

Qui accroîtrait mes actes négatifs et mes souffrances ;

Mes autres actes n’aboutiraient pas et maigre serait leur fruit,

Tandis que les premiers resteraient inachevés.

 

La raison en est que si nous agissons de telle manière, par exemple en abandonnant nos études ou en abandonnant notre pratique en retraite, l'effet similaire à la cause sera la tendance habituelle dans cette vie et dans les vies futures à ne pas accomplir les bonnes actions que nous avons commencé. Il en est de même pour ce qui concerne la prise de vœux, qu’ils soient monastiques, laïques ou autres.

L'effet proliférant de la rupture de notre engagement à une pratique vertueuse entraînera une augmentation de la négativité. Quant à l'effet pleinement mûri, le résultat sera un accroissement de la souffrance.

Si par ailleurs, avant d'avoir terminé l'action que nous avons commencée, nous nous embarquons dans une autre action, il résultera que nous n'achèverons ni l'une, ni l’autre. Au moment de la récolte, le fruit sera insignifiant.

 

Strophe 49 :

Mon orgueil doit porter sur trois choses :

L’action, les émotions négatives et l’efficience.

L’orgueil d’agir consiste

À se promettre de réussir par soi-même.

Nous devons appliquer ou cultiver un sentiment de confiance en soi audacieux à l'égard de trois choses :

 

l'action, notre capacité et, l'affliction.

  • Premièrement, nous devons décider que nous accomplirons nous-même la tâche.
  • Deuxièmement, nous devons nous assurer que nous sommes capables de le faire, reflétant que nous sommes en effet capables d'écarter tous les défauts et d'accomplir toutes les qualités excellentes. Toutefois, ce sentiment d'estime de soi intrépide ne doit pas être cultivé au début. Gardons-le pour le moment où nous sommes déjà engagés dans la tâche et commençons peu à peu à être moins enthousiastes et fatigués.
  • Troisièmement, nous devons nous dire que nous ne céderons pas à l'émotion souillée de la défaite.

 

Le commentaire de Kunzang Palden aborde ces trois points en détail :

1. Cultiver un sentiment de confiance en soi face à la tâche

Dans l'Avatamsaka Sutra, Manjushri déclare ce qui suit à un Deva Putra :

"Le palais extérieur du soleil, qui est matériel, n'a d'autre choix que de faire son travail d'illumination des quatre continents à lui tout seul. Il n'est pas obstrué par les nuages, la poussière ou le vent, et il projette sa lumière de manière impartiale sur tout. Bien que tous les êtres placent leur espoir en lui, le soleil, lui, n'a besoin de s'appuyer sur rien.

De la même manière, moi, un bodhisattva doué pour la vacuité et les moyens d'une grande compassion, j'amènerai à la maturité et à la libération tous les êtres, dont le nombre est aussi illimité que l'espace lui-même.

Et je le ferai tout seul !

Je ne serai entravé par aucun des défauts ou défauts des êtres, si sauvages et barbares qu'ils soient. Je deviendrai le grand et inconnu ami de chaque être. S'ils placent leurs espoirs en moi, je ne place pas mes espoirs en eux."

C'est la culture de ce genre de détermination et de courage qui constitue le sentiment de confiance en soi.

 

Strophe 50 :

Asservis par leurs émotions négatives, les êtres ordinaires

Ne sont pas en mesure d’œuvrer à leur propre bien.

Puisqu’ils n’ont pas le même pouvoir que moi,

C’est moi qui agirai pour eux.

 

Accablés par leurs afflictions, les êtres du monde, dont les actions et les souhaits sont constamment en guerre les uns avec les autres, sont incapables même d'assurer leur propre bonheur dans cette vie présente. Par conséquent, réfléchit Shantideva, ils sont incapables d'assurer le bonheur de tous les êtres, comme lui, un bodhisattva, est capable de le faire. Ce sera en effet sa tâche choisie. Il travaillera pour le bonheur de lui-même et des autres.

 

Strophe 51 :

Quand les autres s’adonnent à de viles tâches,

Comment puis-je rester sans rien faire ?

Mais je ne dois pas agir avec suffisance !

Il vaut mieux que je n’aie pas d’orgueil.

 

Les mots de Shantideva ici peuvent être interprétés comme signifiant que, lorsque d'autres sont engagés dans les activités mondaines de faire du foin, de couper du bois, de porter des charges, etc., comment peut-il rester les bras croisés ? C'est inapproprié !

Au contraire, s’il le peut, il devrait aider les gens dans tout ce qui n'implique pas d'action négative. Telle est une pratique correcte des Paramitas ; tout comme le grand maître Dromtönpa portait les bagages d'un vieux tantrika.

Nous ne devrions pas avoir la fierté de penser que nos actions nous rendent supérieurs aux autres. Se débarrasser d'une telle vanité ordinaire est la meilleure des pratiques de bodhisattva.

 

Nous nous arrêterons ici aujourd'hui.

La semaine prochaine nous reprendrons avec la strophe 52, illustrant le second point :

2. Cultiver un sentiment de confiance en soi vis-à-vis de ses capacités

 

Pratiquons la quiétude mentale pendant un court moment, avant de consacrer notre mérite au profit de tous.

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